Bonjour et merci encore d’être présents, dans la salle ou en ligne.
Aujourd’hui, c’est mon anniversaire et j’ai reçu un très beau cadeau de la RDC, de mon Afrique natale. Cela fait maintenant deux semaines qu’aucun cas de maladie à virus Ebola n’a été notifié et aucun patient n’est actuellement sous traitement.
C’est une très bonne nouvelle, non seulement pour moi mais aussi pour le monde entier. Je me souviens à quel point le monde était inquiet à propos de la maladie à virus Ebola et en particulier pour les milliers d’agents de santé qui ont fait tant de sacrifices pour lutter contre cette maladie et pour en arriver là où nous sommes.
Mais alors qu’une épidémie semble se terminer et que le combat semble fini sur un front, une autre épidémie devient de plus en plus complexe.
À ce jour, 90 893 cas de COVID-19, dont 3110 mortels, ont été notifiés dans le monde.
Au cours des 24 dernières heures, la Chine a notifié 129 cas, le chiffre le plus bas depuis le 20 janvier.
Hors de Chine, 1848 cas ont été notifiés dans 48 pays et 80% de ces cas se trouvent dans trois pays seulement: la République de Corée, la République islamique d’Iran et l’Italie.
Douze pays supplémentaires ont notifié leur premier cas et 21 pays comptent maintenant un cas.
122 pays n’ont notifié aucun cas.
Les mesures que ces pays nouvellement touchés prennent aujourd’hui permettront d’avoir une poignée de cas seulement.
Nous comprenons que les gens ont peur et sont dans l’incertitude. La peur est une réaction naturelle de l’être humain face à toute menace, en particulier quand cette menace n’est pas bien comprise.
Mais grâce aux nouvelles données que nous recevons, nous connaissons de mieux en mieux ce virus et la maladie qu’il cause.
Ce n’est pas le virus du SRAS, ni celui du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS), ni celui de la grippe. Ce virus est particulier et a des caractéristiques spéciales.
La COVID-19 et la grippe provoquent des symptômes respiratoires et se propagent de la même manière, par les petites gouttelettes expulsées par le nez et par la bouche des personnes malades.
Mais il y a quelques différences importantes entre la COVID-19 et la grippe.
Premièrement, d’après les données dont nous disposons à ce jour, la COVID-19 ne se transmet pas aussi facilement que la grippe.
Les personnes infectées par le virus grippal mais qui ne sont pas encore malades sont des vecteurs importants de transmission, ce qui ne semble être le cas pour la COVID-19.
D’après les données provenant de Chine, 1% seulement des cas notifiés sont asymptomatiques et les symptômes apparaissent dans les deux jours dans la plupart des cas.
Certains pays recherchent des cas de COVID-19 à l’aide de systèmes de surveillance de la grippe et d’autres maladies respiratoires.
La Chine, le Ghana, Singapour et d’autres pays ont trouvé très peu de cas de COVID-19, voire aucun cas, de cette façon.
Le seul moyen d’avoir une certitude est de rechercher des anticorps anti-COVID-19 chez un grand nombre de personnes, et plusieurs pays mènent actuellement de telles études. Ainsi, nous pourrons mieux apprécier l’extension de l’infection dans les populations au cours du temps.
L’OMS a élaboré des protocoles sur le déroulement de ce type d’études et nous encourageons tous les pays à mener ces études et à communiquer leurs données.
La deuxième grande différence est que la COVID-19 entraîne des manifestations plus graves que la grippe saisonnière.
Beaucoup de gens dans le monde sont immunisés contre les souches de virus de la grippe saisonnière mais le virus de la COIVD-19 est un nouveau virus contre lequel personne n’est immunisé. Cela signifie que davantage de personnes sont susceptibles d’être infectées et que certaines d’entre elles tomberont gravement malades.
À l’échelle mondiale, environ 3,4% des personnes atteintes de la COIVD 19 dont le cas a été notifié sont décédées. À titre de comparaison, la grippe saisonnière tue généralement moins de 1% des personnes infectées.
Troisièmement, nous disposons de vaccins et de traitements contre la grippe saisonnière mais, pour le moment, il n’existe ni vaccin ni traitement spécifique contre la COVID-19. Cependant, des essais cliniques de traitements sont actuellement menés et plus de 20 vaccins sont en cours de mise au point.
Et quatrièmement, on n’envisage même pas d’endiguer la grippe saisonnière car c’est tout simplement impossible. Mais pour la COVID 19, c’est possible. Nous ne recherchons pas les contacts pour la grippe saisonnière mais les pays doivent le faire pour la COVID-19 car cela permettra d’éviter les infections et de sauver des vies. Il est possible d’endiguer cette maladie.
Pour résumer, la COVID-19 se propage moins facilement que la grippe, les personnes qui ne sont pas malades ne semblent pas être des vecteurs de transmission, les manifestations de la COIVD-19 sont plus graves que celles de la grippe, il n’existe encore ni vaccin ni traitement, et la maladie peut être endiguée et nous devons donc tout faire pour l’endiguer. L’OMS recommande par conséquent une approche globale.
En raison de ces différences, nous ne pouvons pas traiter la COVID-19 comme la grippe.
Mais il y a assez de similitudes grâce auxquelles les pays ne partent pas de zéro. Depuis des décennies, de nombreux pays investissent dans le renforcement de leurs systèmes de détection de la grippe et de riposte.
Le virus de la COVID-19 étant aussi un agent pathogène respiratoire, ces systèmes peuvent être, doivent être et sont adaptés à la COVID 19.
Mais nous sommes inquiets de constater que les capacités de riposte des pays sont compromises par les perturbations de plus en plus graves de l’approvisionnement en équipements de protection individuelle provoquées par l’augmentation de la demande, la constitution de réserves et l’utilisation abusive de ces équipements.
À cause de ces pénuries, les médecins, les infirmiers et les infirmières et les autres agents de santé en première ligne sont mal équipées et donc en danger lorsqu’ils s’occupent de patients atteints de la COVID 19, compte tenu de l’accès limités à divers articles, dont les gants, les masques médicaux, les masques de protection respiratoire, les lunettes de protection, les masques faciaux, les blouses et les tabliers.
Nous ne pouvons pas enrayer la COVID-19 si nous ne protégeons pas nos agents de santé.
Les prix des masques chirurgicaux ont été multipliés par six, ceux des masques de protection respiratoire N95 ont plus que triplé et ceux des blouses ont doublé.
Les livraisons peuvent prendre plusieurs mois, la manipulation des marchés est généralisée et les stocks sont souvent vendus au plus offrant.
L’OMS a expédié près d’un demi-million d’équipements de protection individuelle dans 47 pays mais les stocks diminuent rapidement.
L’OMS estime que, chaque mois, 89 millions de masques médicaux, 76 millions de paires de gants d’examen et 1,6 million de paires de lunettes de protection seront nécessaires pour la riposte à la COVID 19.
L’OMS dispose de lignes directrices sur l’usage rationnel des équipements de protection individuelle dans les établissements de santé et sur la gestion efficace des chaînes d’approvisionnement.
Nous collaborons également avec les gouvernements, les fabricants et le Réseau de chaînes d’approvisionnement pour les pandémies afin d’augmenter la production et de garantir l’approvisionnement dans les pays où la situation est critique et ceux à risque.
On estime que l’approvisionnement en EPI doit augmenter de 40% au niveau mondial.
Nous appelons à nouveau les fabricants à accroître d’urgence la production pour satisfaire cette demande et garantir l’approvisionnement.
Et nous avons appelé les gouvernements à prendre des mesures pour inciter les fabricants à augmenter la production, par exemple à alléger les restrictions à l’exportation et à la distribution des équipements de protection individuelle et des autres fournitures médicales.
Une fois encore, c’est une question de solidarité. L’OMS à elle seule ou l’industrie à elle seule ne peut pas résoudre ce problème. Il faut que nous collaborions pour que tous les pays puissent protéger les personnes qui nous protègent.
Je vous remercie.