Allocution liminaire du Directeur général de l’OMS lors du point presse sur la COVID-19 – 4 novembre 2021

4 novembre 2021
  • Plus de cinq millions de décès ont été déclarés à ce jour et nous savons que le nombre réel est plus élevé. La semaine dernière, 56 pays de toutes les régions ont signalé une augmentation de plus de dix pour cent des décès dus à la COVID-19.
  • Hier, nous avons ajouté un nouvel outil, avec l’homologation au titre de la procédure pour les situations d’urgence, de Covaxin, le huitième vaccin à recevoir la validation de l’OMS pour son innocuité, son efficacité et sa qualité.
  • Nous continuons d’appeler les fabricants de vaccins qui figurent déjà sur la liste d’utilisation d’urgence de l’OMS à donner la priorité à COVAX et non au profit des actionnaires. Plus aucun vaccin ne devrait être attribué aux pays qui ont déjà vacciné plus de quarante pour cent de leur population, jusqu’à ce que COVAX dispose de doses suffisantes pour aider les autres pays à atteindre ce taux de couverture.
  • Le monde n’était pas préparé à la COVID-19 et nous savions que nous n’étions pas préparés. En 2018, l’OMS et la Banque mondiale ont établi le Conseil mondial de suivi de la préparation (le GPMB, pour Global Preparedness Monitoring Board) un groupe indépendant d’experts chargé de cerner les lacunes des défenses mondiales et de formuler des recommandations sur la manière de les combler.
  • Le Conseil mondial a publié son troisième rapport la semaine dernière. Au lieu d’émettre de nouvelles recommandations, il appelle la communauté internationale à traduire en actions les recommandations qu’il a déjà formulées, qui sont aujourd’hui encore plus pertinentes qu’avant la pandémie, mais qui ont été peu suivies d’effets.

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Bonjour, bon après-midi et bonsoir.

Vingt-deux mois après la notification des premiers cas de COVID-19 et près d’un an après l’homologation des premiers vaccins, les cas et les décès dus à la COVID-19 repartent à la hausse.

Plus de cinq millions de décès ont été déclarés à ce jour et nous savons que le nombre réel est plus élevé. Nous perdons encore plus de 50 000 de nos sœurs et frères chaque semaine.

La semaine dernière, 56 pays de toutes les régions ont signalé une augmentation de plus de dix pour cent des décès dus à la COVID-19.

De nombreux pays font état d’un manque de lits en soins intensifs, d’un manque de fournitures, d’agents de santé débordés et d’hôpitaux qui reportent d’autres procédures nécessaires.

Permettez-moi d’être très clair : cela ne devrait pas se produire. Nous disposons de tous les outils requis pour prévenir la transmission et sauver des vies, et nous continuons d’exhorter tous les pays à les utiliser.

Hier, nous avons ajouté un nouvel outil, avec l’homologation au titre du protocole d’autorisation d’utilisation d’urgence, de Covaxin, le huitième vaccin à recevoir la validation de l’OMS pour son innocuité, son efficacité et sa qualité.

Le protocole OMS d’autorisation d’utilisation d’urgence contribue à l’équité vaccinale en donnant aux pays la possibilité d’accélérer leur propre approbation réglementaire pour l’importation et le déploiement de vaccins.

Nous encourageons tous les fabricants de vaccins qui n’ont pas encore reçu l’autorisation d’utilisation d’urgence à contacter l’OMS afin de déterminer comment accélérer le processus au moyen de demandes continues.

Nous continuons d’appeler les fabricants de vaccins qui figurent déjà sur la liste d’utilisation d’urgence de l’OMS à donner la priorité à COVAX et non au profit des actionnaires.

Nous entendons encore des excuses sur les raisons pour lesquelles les pays à faible revenu n’ont reçu que 0,4 % des vaccins dans le monde.

La première est que les pays à faible revenu ne peuvent pas absorber les vaccins. Ce n’est pas vrai. À l’exception de quelques pays fragiles, vulnérables et touchés par des conflits, la plupart des pays à faible revenu sont fin prêts.

Le seul problème est qu’ils ne parviennent pas à obtenir les vaccins.

Les fabricants arguent également que les pays à faible revenu n’ont pas commandé de vaccins. La plupart des pays à faible revenu comptent sur COVAX, qui a l’argent et les contrats pour acheter des vaccins en leur nom. Mais les fabricants n’ont pas joué leur rôle.

Nous ne savons toujours pas quand les fabricants livreront.

Nous continuons d’appeler tous les fabricants à honorer en priorité leurs contrats avec COVAX et l’Africa Vaccines Acquisition Trust, ou AVAT.

Plus aucun vaccin ne devrait être attribué aux pays qui ont déjà vacciné plus de quarante pour cent de leur population, jusqu’à ce que COVAX dispose de doses suffisantes pour aider les autres pays à atteindre ce taux de couverture.

Plus aucun rappel ne doit être administré, sauf aux personnes immunodéprimées. La plupart des pays où la couverture vaccinale est élevée continuent d’ignorer notre demande de moratoire mondial sur les rappels, aux dépens des agents de santé et des groupes vulnérables dans les pays à faible revenu qui attendent toujours les premières doses.

Nous ne pouvons pas mettre fin à la pandémie sans vaccins, mais les vaccins seuls ne mettront pas fin à la pandémie. Les vaccins ne remplacent pas le rôle indispensable des mesures sociales et de santé publique, ils s’inscrivent en complément.

Les mesures de santé publique efficaces comme la distanciation physique, l’évitement des espaces bondés, les masques, la ventilation et l’hygiène des mains restent importantes dans tous les pays.

Chaque pays doit continuer d’ajuster et d’adapter sa stratégie.

Afin d’aider les pays en ce sens, l’OMS a mis au point un outil appelé « examen de l’action en cours », que les pays peuvent utiliser pour évaluer ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.

À ce jour, plus de cent examens de l’action en cours ont été menés par 68 pays.

Plusieurs pays ont mené de multiples examens, dont l’Afrique du Sud, qui en compte dix à son actif et en a fait un élément central de sa riposte.

Plusieurs enseignements clés ressortent de ces examens :

la nécessité d’un leadership national fort et actif aux plus hauts niveaux ;

la souplesse et l’adaptabilité, à travers un ajustement et une réorientation des systèmes, des lignes directrices et des ressources ;

la coopération multisectorielle ;

et, dans le cas du déploiement des vaccins, le besoin d’une capacité adéquate de la chaîne du froid et d’un suivi en temps réel des stocks de vaccins.

L’élimination de la pandémie le plus rapidement possible doit rester l’objectif premier de chaque pays.

Dans le même temps, nous devons à ceux qui ont perdu la vie à cause de ce virus de tirer les leçons qu’il nous enseigne et de prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir une nouvelle catastrophe de cette ampleur.

Le monde n’était pas préparé à la COVID-19 et nous savions que nous n’étions pas préparés.

En 2018, l’OMS et la Banque mondiale ont établi le Conseil mondial de suivi de la préparation (le GPMB, pour Global Preparedness Monitoring Board) un groupe indépendant d’experts chargé de cerner les lacunes des défenses mondiales et de formuler des recommandations sur la manière de les combler.

Nous ne savions pas alors quand la prochaine crise mondiale surgirait ni quelle forme elle prendrait. Mais nous savions que la maladie X finirait par arriver.

Le Conseil mondial a publié son premier rapport en septembre 2019, quelques mois seulement avant le début de la pandémie. Il mettait en lumière bon nombre des vulnérabilités que la COVID-19 a exposées et exploitées :

le manque de leadership et d’engagement politiques ; le manque de préparation du système de santé ; le manque de confiance des communautés ; et le manque de coopération internationale.

Le deuxième rapport du Conseil mondial, publié en pleine pandémie l’année dernière, intégrait des informations tirées d’expériences difficiles et appelait à un financement prévisible et durable ; un accès équitable aux vaccins et aux autres outils d’importance vitale ; et une gouvernance mondiale à des fins de préparation.

Le Conseil mondial a publié son troisième rapport la semaine dernière. Au lieu d’émettre de nouvelles recommandations, il appelle la communauté internationale à traduire en actions les recommandations qu’il a déjà formulées, qui sont aujourd’hui encore plus pertinentes qu’avant la pandémie, mais qui ont été peu suivies d’effets.

Nous ne manquons pas de rapports, d’examens et de recommandations, mais l’action fait défaut. Nous savons pertinemment ce qu’il faut faire :

une meilleure gouvernance pour la sécurité sanitaire mondiale, notamment un traité juridiquement contraignant sur la préparation et la riposte aux pandémies ;

un meilleur financement afin de renforcer les capacités de tous les pays, en particulier les plus vulnérables ;

de meilleurs systèmes et outils pour se préparer aux flambées épidémiques ou pandémiques, les prévenir, les détecter et y réagir rapidement ;

et une OMS renforcée, habilitée et financée durablement, qui soit au centre de l’architecture sanitaire mondiale.

Pour qu’il nous en dise plus sur son dernier rapport, je suis ravi d’accueillir mon ami et frère M. Elhadj As Sy, coprésident du Conseil mondial et ancien Secrétaire général de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

As Sy, merci de votre rôle directeur. Vous avez la parole.

[ELHADJ AS SY S’ADRESSE À LA PRESSE]

Merci beaucoup, mon frère As Sy. Je vais vous citer : si la COVID n’est pas le catalyseur du changement, qu’est-ce qui le sera ? Vous avez raison.

Merci pour votre appel clair à l’action. Nous ne pouvons qu’espérer que la communauté internationale donne suite à cet appel.

Comme vous l’avez dit, nous savons ce qu’il faut faire. Ce dont nous avons besoin maintenant, c’est d’action, d’urgence et d’ambition.

Merci encore pour votre rôle moteur dans ce domaine.

Tarik, c’est à vous.