Allocution liminaire du Directeur général de l’OMS lors du point ‎presse sur la COVID-19 – 5 mars 2020‎

5 mars 2020
Bonjour et merci encore d’être présents, dans la salle ou en ligne.‎

Aujourd’hui, je tiens à débuter ce point de presse en remerciant ‎tous nos collègues des médias qui, dans le cadre de leurs fonctions ‎consistant à diffuser des informations, jouent un rôle essentiel dans ‎la riposte à la COVID-19.‎

La lutte contre les rumeurs et la désinformation constituent un ‎élément essentiel de la lutte contre ce virus. Nous comptons sur ‎vous pour veiller à ce que les populations obtiennent des ‎informations précises sur la menace à laquelle elles sont ‎confrontées et sur la manière de se protéger et de protéger les ‎autres. ‎

Évoquons maintenant les chiffres.‎

On compte désormais un total de 95 265 cas de la COVID-19 notifiés ‎dans le monde, dont 3281 décès.‎

Au cours des 24 dernières heures, la Chine a notifié 143 cas. La ‎plupart des cas continuent d’être notifiés dans la province de Hubei, ‎et huit provinces n’ont signalé aucun cas au cours des 14 derniers ‎jours.‎

Hors de Chine, 2055 cas ont été notifiés dans 33 pays et environ 80% ‎de ces cas se trouvent toujours dans trois pays seulement.‎

Des signes encourageants nous proviennent de la République de ‎Corée. En effet, le nombre de nouveaux cas signalés semble ‎diminuer, et les cas notifiés sont principalement identifiés dans des ‎groupes connus. ‎

Bien que quelques pays signalent un grand nombre de cas, 115 pays ‎n’ont signalé aucun cas. ‎

Vingt-et-un pays comptent uniquement un cas.‎

Et cinq pays qui avaient notifié des cas n’ont pas notifié de ‎nouveaux cas au cours des 14 derniers jours. ‎

L’expérience de ces pays ainsi que celle de la Chine continuent de ‎démontrer qu’il ne s’agit pas d’une voie à sens unique.‎

Cette épidémie peut être repoussée, mais uniquement en adoptant ‎une approche collective, coordonnée et globale associant ‎l’ensemble de l’appareil gouvernemental.‎

Nous prions chaque pays d’agir rapidement, à grande échelle et avec ‎détermination.‎

Si la majorité des cas continuent d’être détectés dans une poignée ‎de pays, nous sommes vivement préoccupés par le nombre croissant ‎de pays qui notifient des cas, en particulier ceux dotés de systèmes ‎de santé plus faibles.‎

Cependant, cette épidémie constitue une menace pour l’ensemble ‎des pays, riches et pauvres. Comme nous l’avons déjà évoqué, les ‎pays à revenu élevé doivent s’attendre à des surprises. La solution ‎consiste à mettre en place des mesures énergiques en matière de ‎préparation.‎

Nous sommes préoccupés par le fait que certains pays n’ont pas pris ‎cette question suffisamment au sérieux, ou ont décidé qu’ils ne ‎pouvaient pendre aucune mesure pour y faire face. ‎

En outre, il est inquiétant de constater que dans certains pays, le ‎niveau d’engagement politique et les mesures prises pour ‎démontrer cet engagement ne correspondent pas au niveau de la ‎menace à laquelle nous sommes tous confrontés. ‎

Ceci n’est pas un exercice. ‎

Ce n’est pas le moment de baisser les bras.‎

L’heure n’est pas aux excuses.‎

C’est le moment de tout faire en notre pouvoir pour lutter contre ‎cette épidémie.‎

Les pays prévoient des scénarios de ce type depuis des dizaines ‎d’années et le moment est venu d’agir sur la base de ces plans déjà ‎élaborés.‎

Il s’agit de plans complets impliquant tout d’abord le plus haut ‎sommet de l’État qui coordonne chaque secteur du gouvernement, ‎et pas uniquement le ministère de la santé. En effet la sécurité, la ‎diplomatie, les finances, le commerce, les transports, l’information ‎et d’autres secteurs sont également associés, car il convient ‎d’associer l’ensemble des pouvoirs publics.‎

Activez vos plans d’urgence en adoptant cette approche ‎gouvernementale globale.‎

Informez le public, afin que les populations reconnaissent les ‎symptômes et sachent comment se protéger et protéger les autres.‎

Augmentez vos capacités en matière de dépistage.‎

Préparez vos hôpitaux.‎

Veiller à ce que les fournitures essentielles soient disponibles.‎

Formez vos agents de santé afin qu’ils soient en mesure d’identifier ‎des cas, de fournir des soins de manière compatissante et de se ‎protéger contre l’infection.‎

Si les pays œuvrent activement pour trouver, isoler et traiter les cas, ‎et pour rechercher chaque contact, ils pourront infléchir la ‎trajectoire de cette épidémie.‎

Si nous adoptons l’approche consistant à se résigner et à penser que ‎plus rien n’est possible pour lutter contre cette épidémie, cela ‎devient une prédiction autoréalisatrice.‎

La solution est entre nos mains.‎

L’OMS a publié des lignes directrices étape par étape afin que les ‎pays élaborent leurs plans d’action nationaux en fonction de huit ‎domaines clés, lesquels sont étayés par des orientations techniques ‎détaillées.‎

Nous appelons l’ensemble des pays à accélérer la mise en œuvre de ‎ces plans, et nous sommes disposés à collaborer avec eux pour y ‎parvenir.‎

Des fonds supplémentaires sont mis à disposition pour soutenir les ‎pays qui en ont besoin et qui ont mis en place des plans.‎

Comme vous le savez, la Banque mondiale et le Fonds monétaire ‎international ont mis à disposition des fonds afin de stabiliser les ‎systèmes de santé et d’atténuer les conséquences économiques de ‎l’épidémie, en s’attachant tout particulièrement à favoriser l’accès ‎aux fournitures et matériels essentiels.‎

J’ai également eu une discussion très fructueuse avec le Président de ‎la Banque africaine de développement.‎

Ce financement est désormais disponible pour les pays qui en ont ‎besoin, conformément au plan stratégique de préparation et de ‎riposte de l’OMS.‎

Ces fonds sont essentiels pour soutenir l’action de riposte ‎maintenant, mais aussi pour envisager une préparation à long ‎terme.‎

Bien que la COVID-19 représente actuellement une menace aiguë, il ‎est absolument essentiel que les pays ne perdent pas cette occasion ‎de renforcer leurs systèmes de préparation.‎

Nous sommes conscients que les populations ont peur, et c’est un ‎sentiment normal au vu de la situation.‎

Il est toutefois possible de gérer et de modérer cette peur grâce à la ‎diffusion d’informations précises. Aujourd’hui, l’OMS a lancé une ‎nouvelle campagne sur les médias sociaux intitulée Be Ready for ‎COVID-19 (Soyez prêts à faire face à la COVID-19), qui invite les gens ‎à se protéger, à être judicieux et à se tenir informés.‎

Si vous vous sentez complètement envahi par la peur, contactez vos ‎proches. Renseignez-vous sur les plans d’intervention d’urgence mis ‎en place au sein de votre communauté, sur votre rôle spécifique et ‎sur la façon dont vous pouvez apporter une assistance. ‎

Beaucoup d’aspects sont encore inconnus, mais chaque jour nous ‎en apprenons davantage et nous travaillons 24 heures sur 24 pour ‎combler les lacunes en matière de connaissances. ‎

En définitive, le taux de mortalité de ce virus dépend non seulement ‎du virus lui-même, mais aussi de la manière dont nous y faisons ‎face. ‎

Il s’agit d’une maladie grave. Elle n’est pas mortelle pour la plupart ‎des personnes qui la contracte, mais elle peut l’être. ‎

Nous sommes tous responsables de la réduction de notre propre ‎risque d’infection, et si nous sommes infectés, de la réduction de ‎notre risque d’infecter les autres.‎

Nous pouvons tous contribuer à la protection des personnes ‎vulnérables au sein de nos communautés.‎

C’est pourquoi nous continuons à évoquer la solidarité. ‎

Il ne s’agit pas uniquement d’une menace pour les personnes ou les ‎pays.‎

Nous sommes tous concernés, et il n’y a qu’ensemble que nous ‎pourrons sauver des vies. ‎

Je vous remercie.‎