Allocution liminaire du Directeur général de l’OMS lors du point presse sur la COVID-19 – 6 janvier 2022

6 janvier 2022

Bonne année !

 

L’aube d’une nouvelle année offre l’occasion de donner un second souffle à notre riposte commune à une menace partagée.

 

J’espère que partout dans le monde, les dirigeants qui se sont montrés déterminés à protéger leur population iront plus loin, et veilleront à ce que les populations du monde entier soient protégées et en sécurité. 

 

Et cette pandémie ne prendra pas fin tant que nous ne nous y appliquerons pas !  

 

La semaine dernière, j’ai demandé à tout le monde de prendre, pour le Nouvel An, la résolution de soutenir la campagne visant à vacciner 70 % de la population de chaque pays d’ici à la mi-2022.

 

Et, en plus de cela, de garantir que des traitements novateurs, ainsi que des tests fiables, soient disponibles dans tous les pays.

 

Afin de mettre un terme à la phase aiguë de la pandémie, il importe de partager équitablement et rapidement avec tous les pays du monde les outils hautement efficaces que la science a mis à notre disposition.

 

L’inégalité vaccinale et les inégalités en matière de santé en général ont été les plus grands échecs de l’année dernière.

 

Tandis que certains pays ont pu stocker suffisamment d’équipements de protection individuelle, de tests et de vaccins tout au long de la pandémie, de nombreux autres ne disposent pas de suffisamment de ressources pour répondre à des besoins de base ou pour atteindre des objectifs modestes, situation dont aucun pays riche n’aurait pu se satisfaire.

 

L’inégalité vaccinale entraîne des décès et tue des emplois, en plus d’entraver la reprise économique mondiale. 

 

Alpha, Beta, Delta, Gamma et Omicron montrent comment nous avons créé – en raison des faibles taux de vaccination, notamment – les conditions parfaites pour l’émergence de variants du virus.

 

La semaine dernière, nous avons enregistré le plus grand nombre de cas de COVID-19 jusqu’à présent.

 

Et nous avons la certitude que le nombre de cas a été sous-estimé car les chiffres notifiés ne rendent pas compte des tests restés en souffrance pendant la période des Fêtes, du nombre d’autotests positifs non enregistrés et des cas non comptabilisés partout dans le monde en raison de la surcharge des systèmes de surveillance.

 

Si Omicron semble moins grave que Delta, en particulier chez les personnes vaccinées, cela ne signifie pas pour autant qu’il faille le qualifier de « bénin ».

 

Tout comme les variants précédents, Omicron entraîne des hospitalisations et des décès.  

 

D’ailleurs, le tsunami de cas est si puissant et rapide qu’il submerge les systèmes de santé du monde entier. 

 

Les hôpitaux sont surchargés et manquent de personnel, ce qui entraîne des décès évitables dus non seulement à la COVID-19, mais aussi à d’autres maladies et traumatismes qui ne sont pas pris en charge en temps utile.

 

Les vaccins de première génération n’arrêtent peut-être pas toutes les infections et la transmission, mais ils restent très efficaces pour réduire les cas d’hospitalisation et de décès dus au virus.

 

Outre la vaccination, les mesures sociales de santé publique – porter des masques bien ajustés, pratiquer la distanciation, éviter les foules et améliorer et investir dans la ventilation, notamment – sont par conséquent importantes pour limiter la transmission.

 

Au rythme actuel où sont déployés les vaccins, 109 pays ne parviendraient pas à vacciner intégralement 70 % de leur population d’ici au début du mois de juillet 2022.

 

La raison de cette disparité réside dans le fait que certains pays sont en passe d’administrer une quatrième dose de vaccin à leur population, tandis que dans d’autres pays, l’approvisionnement n’a même pas été suffisamment régulier pour que puissent être vaccinés les agents de santé et les personnes les plus à risque. 

 

Enchaîner les injections de rappel dans un petit nombre de pays tandis qu’ailleurs, des milliards de personnes demeurent sans protection aucune, ne permettra pas d’arriver à bout de l’épidémie.

 

Mais nous pouvons et devons inverser la tendance. Nous pouvons mettre fin sans tarder à la phase aiguë de cette pandémie tout en nous préparant dès maintenant aux phases futures.  

 

Premièrement, nous devons partager efficacement les vaccins qui sont produits.

 

Pendant la majeure partie de 2021, il n’en a pas été ainsi, mais vers la fin de l’année, l’approvisionnement a augmenté.

 

Il est maintenant crucial que les fabricants et les pays faisant don de doses communiquent leurs calendriers de livraison à l’avance afin que les pays soient suffisamment préparés pour déployer ces doses efficacement.

 

Deuxièmement, adoptons la formule « plus jamais ça » en matière de préparation aux pandémies et de fabrication de vaccins pour garantir qu’une fois disponible, la prochaine génération de vaccins contre la COVID-19 soit produite équitablement et que les pays n’aient pas à quémander pour obtenir des ressources limitées.

 

Certains pays ont établi un plan sur la façon dont les vaccins et les autres outils de santé de haute qualité pouvaient être produits en masse rapidement et distribués efficacement. Nous devons à présent nous appuyer sur ce plan.

 

L’OMS continuera d’investir dans les centres de fabrication de vaccins et de collaborer avec tous les fabricants désireux de partager leur savoir-faire, leur technologie et leurs licences.

 

J’ai de l’espoir quand je vois que des innovateurs se sont déjà engagés à renoncer aux brevets de certains des vaccins actuellement à l’essai, et à partager les licences, la technologie et le savoir-faire.

 

Cela me rappelle que Jonas Salk n’a pas breveté son vaccin contre la poliomyélite et qu’il a, ce faisant, sauvé des millions d’enfants des griffes de la maladie. 

 

Investissons et construisons la santé publique et les systèmes de santé dont nous avons besoin, en garantissant une surveillance rigoureuse et un dépistage adéquat, et en veillant à ce que les personnels de santé soient renforcés, soutenus et protégés et à ce que les populations, partout dans le monde, soient autonomes, investies et responsabilisées.

 

Et enfin, j’appelle les citoyens du monde entier, y compris la société civile, les scientifiques, les chefs d’entreprise, les économistes et les enseignants, à exiger que les gouvernements et les laboratoires pharmaceutiques diffusent les outils de santé à l’échelle mondiale et mettent un point d’arrêt aux décès et aux ravages que cause cette pandémie.

 

Nous avons besoin d’équité en matière de vaccins, d’équité en matière de traitements, d’équité en matière de tests et d’équité en matière de santé, et nous avons besoin de vos voix pour porter ce changement.

 

Équité, équité, équité.

 

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Ce message d’équité n’est nulle part plus vrai que dans les pays ou les régions confrontés à des crises humanitaires et dans les zones de conflit.

 

Dans ces zones, il est extrêmement difficile de lutter contre la pandémie et de maintenir les services de santé sur les rails.

 

L’accès humanitaire est la pierre angulaire de toute intervention destinée à sauver des vies.

 

Nous sommes présents sur le terrain lors de chaque crise humanitaire et en toutes circonstances, nous avons trouvé les moyens d’apporter de l’aide et des fournitures aux populations. 

 

En Afghanistan par exemple, jusqu’à récemment, plus de trois quarts des établissements de soins signalaient des ruptures de stock de médicaments essentiels et les postes des agents de santé étaient menacés.

 

Mais en décembre, dans le cadre d’une action conjointe de l’OMS et de l’UNICEF, plus de 2 300 établissements de soins avaient été réapprovisionnés et 25 000 agents de santé avaient été payés, ce qui a permis de garantir le fonctionnement de 96 % du système de santé.

 

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En Éthiopie, l’OMS a pu expédier en décembre 14 tonnes de fournitures médicales à Afar et 70 tonnes à Amhara.

 

Au Tigré, l’OMS n’est pas autorisée à livrer des fournitures médicales depuis la mi-juillet de l’année dernière.

 

Cette situation persiste malgré les demandes répétées de l’OMS d’acheminer des fournitures médicales dans cette région pour répondre à certains des besoins humanitaires et en matière de santé de la population.

 

Même dans les périodes de conflit les plus difficiles en Syrie, au Soudan du Sud, au Yémen et ailleurs, l’OMS et ses partenaires ont pu bénéficier d’un accès en vue de sauver des vies.

 

Cependant, au Tigré, la population ne peut accéder aux fournitures humanitaires en raison du blocus de facto, ce qui entraîne des décès.

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J’ai parlé précédemment du fait que la nouvelle année était l’occasion d’un renouveau.

 

J’invite instamment tous les dirigeants et les principales parties prenantes aux conflits à se souvenir que ceux qui oeuvrent pour la paix sont les héros dont l’histoire se souvient.

 

Nous avons besoin de la santé pour la paix et de la paix pour la santé. 

 

Pour instaurer la confiance et sauver des vies, un bon point de départ consiste à garantir l’ouverture des couloirs humanitaires et sanitaires dans toutes les zones de conflit afin que les organismes internationaux et les groupes de la société civile puissent faire ce qu’ils font le mieux : sauver des vies. 

 

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Et à ceux qui célèbrent demain le Noël orthodoxe ; que vos maisons soient remplies de paix et de bonheur, et que vos proches soient en bonne santé.

 

Margaret, c’est à vous.