Allocution liminaire du Directeur général de l’OMS lors du point presse sur la COVID-19 – 8 septembre 2021

8 septembre 2021
  • Aujourd’hui, la République démocratique du Congo a déclaré une flambée de méningite dans la province de la Tshopo, dans le nord-est du pays, avec 261 cas présumés et 129 décès notifiés. Les autorités sanitaires ont déployé une première équipe d’urgence et l’OMS soutient cette intervention.
  • Plus de 50 000 personnes par semaine meurent de la COVID-19 depuis octobre 2020 et, depuis un mois, le nombre de décès avoisine les 70 000 par semaine. Nous avons les solutions pour arrêter la transmission et sauver des vies. La distribution inéquitable des outils permettant de sauver des vies, notamment les moyens de diagnostic, l’oxygène, les équipements de protection individuelle et les vaccins, conduit à une pandémie à deux vitesses.
  • À l’échelle mondiale, 5,5 milliards de doses de vaccin ont désormais été administrées, mais 80 % l’ont été dans des pays à revenu élevé ou intermédiaire de la tranche supérieure. Les pays à revenu élevé se sont engagés à donner plus d’un milliard de doses, mais ils en ont effectivement fourni moins de 15 %. Les fabricants se sont engagés à accorder la priorité au Mécanisme COVAX et aux pays à faible revenu. Nous ne voulons plus de promesses. Tout ce que nous voulons, ce sont des vaccins.
  • Il y a un mois, j’ai appelé à un moratoire mondial sur les doses de rappel au moins jusqu’à la fin septembre, afin de donner la priorité à la vaccination des personnes les plus à risque qui n’ont pas encore reçu leur première dose. La situation mondiale n’ayant guère évolué depuis, j’appelle aujourd’hui à prolonger le moratoire jusqu’à la fin de l’année au moins, afin de permettre à chaque pays de vacciner au moins 40 % de sa population.
  • Les vingt premières économies de la planète sont les plus grands producteurs, consommateurs et donateurs de vaccins et, partant, elles détiennent la clé de l’équité vaccinale et de la possibilité de mettre fin à la pandémie. L’heure est maintenant à un véritable leadership, pas à des promesses creuses.

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Bonjour, bon après-midi et bonsoir.

Aujourd’hui, la République démocratique du Congo a déclaré une flambée de méningite dans la province de la Tshopo, dans le nord-est du pays, avec 261 cas présumés et 129 décès notifiés.

Les autorités sanitaires ont déployé une première équipe d’urgence et l’OMS soutient cette intervention.

Plus d’une centaine de patients sont déjà traités à domicile et dans des centres de santé. L’OMS a fourni du matériel médical et prévoit de déployer davantage d’experts et de ressources.

La méningite est une maladie mortelle et débilitante, et dont les conséquences sanitaires, économiques et sociales sont graves.

À la fin du mois, l’OMS et ses partenaires lanceront la feuille de route pour vaincre la méningite. Il s’agit de la première initiative mondiale visant à lutter contre cette maladie dévastatrice.

Cette feuille de route vise trois objectifs principaux :

Mettre fin aux épidémies de méningite bactérienne, comme celle qui sévit actuellement en RDC ;

Faire diminuer les cas de méningite bactérienne de 50 % et les décès de 70 % ;

Et contribuer à réduire le handicap et à améliorer la qualité de vie à la suite d’une méningite.

La survenue de cette flambée en RDC nous rappelle une fois de plus que, si la pandémie de COVID-19 continue de dominer l’actualité, elle est loin d’être la seule menace pour la santé contre laquelle l’OMS lutte dans le monde.

Nombre de ces situations constituent des défis à long terme dont la solution ne semble ni évidente ni immédiate.

Or ce n’est pas le cas de la pandémie de COVID-19.

Des gens meurent alors qu’ils ne devraient pas mourir. Plus de 50 000 personnes par semaine meurent de la COVID-19 depuis octobre 2020 et, depuis un mois, le nombre de décès avoisine les 70 000 par semaine.

Nous avons les solutions pour arrêter la transmission et sauver des vies.

Mais ces solutions sont soit mal utilisées, soit mal partagées.

La distribution inéquitable des outils permettant de sauver des vies, notamment les moyens de diagnostic, l’oxygène, les équipements de protection individuelle et les vaccins, conduit à une pandémie à deux vitesses.

Dans certains pays, où la couverture vaccinale est la plus élevée, on observe aujourd’hui un découplage entre les cas et les décès, ce qui permet à ces pays de rouvrir leur économie sans que leur système de santé ne soit submergé.

Si, dans certains de ces pays, les cas augmentent chez les personnes non vaccinées, les hospitalisations et les décès restent relativement faibles, grâce aux vaccins et à une prise en charge clinique plus précoce.

Cependant, l’assouplissement prématuré des mesures de santé publique et des mesures sociales fait courir un risque non négligeable aux personnes non vaccinées et immunodéprimées.

Dans le même temps, les pays où la couverture vaccinale est faible continuent d’enregistrer des taux de létalité élevés.

En outre, certains pays refusent l’entrée sur leur territoire à des personnes qui présentent un schéma vaccinal complet avec un vaccin qui a reçu une autorisation d’utilisation d’urgence de l’OMS, mais qui n’a pas été approuvé par leurs autorités nationales de réglementation.

Cette situation génère encore plus de chaos, de confusion et de discrimination, certains pays refusant même d’utiliser certains vaccins par crainte que leurs ressortissants ne se voient refuser l’entrée dans d’autres pays.

L’autorisation d’utilisation d’urgence suit un processus rigoureux reposant sur des normes internationalement reconnues. Tous les vaccins qui ont reçu une telle autorisation de l’OMS sont sûrs et efficaces pour prévenir les formes graves et les décès, y compris s’agissant du variant Delta.

Nous remercions les pays qui reconnaissent tous les vaccins autorisés au titre du protocole OMS d’autorisation d’utilisation d’urgence, et nous appelons tous les pays à faire de même.

À l’échelle mondiale, 5,5 milliards de doses de vaccin ont désormais été administrées, mais 80 % l’ont été dans des pays à revenu élevé ou intermédiaire de la tranche supérieure.

L’OMS s’est fixé pour cibles mondiales d’aider chaque pays à vacciner au moins 10 % de sa population d’ici la fin du mois, au moins 40 % d’ici la fin de l’année, et qu’au moins 70 % de la population mondiale soit vaccinée d’ici le milieu de l’année prochaine.

Près de 90 % des pays à revenu élevé ont désormais atteint l’objectif de 10 % et plus de 70 % l’objectif de 40 %. Aucun pays à faible revenu n’a atteint ne serait-ce que l’un de ces deux objectifs.

Ce n’est pas de leur faute. Nous avons entendu des fabricants et certains pays à revenu élevé invoquer comme excuse le fait que les pays à faible revenu n’auraient pas la capacité d’absorber les vaccins.

Presque tous les pays à faible revenu déploient déjà les vaccins dont ils disposent, et ils ont une longue expérience des campagnes de vaccination à grande échelle, que ce soit contre la poliomyélite, la rougeole, la méningite ou la fièvre jaune.

Mais parce que les fabricants ont donné la priorité ou ont été juridiquement contraints d’honorer des accords bilatéraux conclus avec des pays riches prêts à payer le prix fort, les pays à faible revenu se trouvent privés des outils nécessaires pour protéger leur population.

On a beaucoup parlé d’équité vaccinale, mais trop peu agi.

Les pays à revenu élevé se sont engagés à donner plus d’un milliard de doses, mais ils en ont effectivement fourni moins de 15 %.

Les fabricants se sont engagés à accorder la priorité au Mécanisme COVAX et aux pays à faible revenu.

Nous ne voulons plus de promesses. Tout ce que nous voulons, ce sont des vaccins.

Il y a un mois, j’ai appelé à un moratoire mondial sur les doses de rappel au moins jusqu’à la fin septembre, afin de donner la priorité à la vaccination des personnes les plus à risque qui n’ont pas encore reçu leur première dose.

La situation mondiale n’ayant guère évolué depuis, j’appelle aujourd’hui à prolonger le moratoire jusqu’à la fin de l’année au moins, afin de permettre à chaque pays de vacciner au moins 40 % de sa population.

Une troisième dose peut s’avérer nécessaire pour les populations les plus à risque, lorsqu’il est prouvé que l’immunité contre les formes graves et le décès diminue - c’est-à-dire pour le très faible nombre de personnes immunodéprimées dont la réponse à la première injection n’a pas été suffisante ou qui ne produisent plus d’anticorps.

Mais pour l’instant, nous ne souhaitons pas que l’administration de doses de rappel se généralise pour des personnes en bonne santé et présentant un schéma vaccinal complet.

Hier, la Fédération internationale des associations et fabricants de produits pharmaceutiques a déclaré que les pays du G7 disposaient désormais de suffisamment de vaccins pour vacciner l’ensemble des adultes et des adolescents au sein de leur population et pour proposer des doses de rappel aux groupes à risque, et que la production à grande échelle devait maintenant viser l’équité vaccinale au niveau mondial, notamment par le partage des doses.

Lorsque j’ai lu cela, j’ai été consterné. En réalité, les fabricants et les pays à haut revenu ont depuis longtemps la capacité non seulement de vacciner leurs propres populations prioritaires, mais aussi de soutenir parallèlement la vaccination de ces mêmes populations dans tous les pays.

Nous réclamons l’équité vaccinale depuis le début, et non pas uniquement lorsque les pays les plus riches auront été servis.

Les pays à revenu faible ou intermédiaire de la tranche inférieure ne sont pas la deuxième ou troisième priorité. Leurs personnels de santé, personnes âgées et autres groupes à risque ont tout autant le droit d’être protégés. Je ne resterai pas silencieux lorsque les entreprises et les pays qui contrôlent l’approvisionnement mondial en vaccins pensent que les pauvres de la planète devraient se contenter des restes.

En début de semaine, j’ai eu l’occasion d’assister à la réunion des Ministres de la santé du G20 à Rome.

J’ai déclaré qu’étant donné que les vingt premières économies de la planète sont les plus grands producteurs, consommateurs et donateurs de vaccins, ce sont elles qui détiennent la clé de l’équité vaccinale et de la possibilité de mettre fin à la pandémie.

Je les ai appelées à contribuer à la réalisation des objectifs mondiaux de vaccination de l’OMS en faisant trois choses :

Premièrement, en échangeant des livraisons prévues à court terme pour qu’elles soient livrées au Mécanisme COVAX ;

Deuxièmement, en respectant leurs engagements de partage de doses au plus tard à la fin de ce mois ;

Et troisièmement, en facilitant le partage de la technologie, du savoir-faire et de la propriété intellectuelle pour renforcer la capacité de fabrication de vaccins au niveau régional.

Nous avons les outils. Il n’y a aucun doute sur ce que l’on doit faire.

L’heure est maintenant à un véritable leadership, pas à des promesses creuses.

Margaret, vous avez la parole.