Bonjour.
J’aimerais tout d’abord faire un point rapide sur l’épidémie de maladie à virus Ebola en RDC. Trois semaines se sont écoulées depuis que le dernier cas a été signalé, et une semaine depuis que le dernier malade guéri a quitté le centre de traitement. Le compte à rebours jusqu’à la fin de la flambée a maintenant commencé.
Nous continuons à enquêter sur les signalements et à vacciner les contacts quotidiennement, et les conditions de sécurité restent fragiles dans le Nord-Kivu.
Lors des précédentes épidémies de maladie à virus Ebola, on a observé des résurgences de la maladie même après la fin de la flambée. Nous continuons donc à dispenser des soins de suivi à plus de 1100 malades guéris et nous maintenons les équipes sur le terrain pour réagir rapidement en cas de résurgence.
L’épidémie s’essouffle peut-être, mais pas notre détermination.
Notre ardeur à combattre l’épidémie de COVID-19 non plus.
Comme vous le savez, la barre des 100 000 cas de COVID-19 déclarés dans une centaine de pays a été franchie ce week-end.
Le fait que tant de personnes et de pays aient été touchés si rapidement est pour le moins préoccupant.
Maintenant que le virus s’est répandu dans un si grand nombre de pays, la menace d’une pandémie est bien réelle.
Mais il s’agirait de la première pandémie de l’histoire qu’il serait possible de maîtriser.
Au fond, nous ne sommes pas à la merci de ce virus.
Le grand avantage que nous avons, c’est que les décisions que nous prenons tous – pouvoirs publics, entreprises, communautés, familles et individus – peuvent influer sur le cours de cette épidémie.
N’oublions pas que par des mesures précoces, décisives, on peut ralentir le virus et prévenir l’infection. La plupart des personnes touchées guériront.
Sur les 80 000 cas signalés en Chine, plus de 70 % ont guéri et sont sortis de l’hôpital.
Il ne faut pas oublier non plus que le nombre total de cas signalés et de pays touchés ne reflète qu’une partie de la réalité.
Sur l’ensemble des cas signalés dans le monde jusqu’à présent, 93 % l’ont été dans quatre pays seulement.
L’épidémie est inégalement répartie au niveau mondial.
Les scénarios diffèrent selon les pays et appellent donc une réponse adaptée.
La question n’est pas d’endiguer ou d’atténuer l’épidémie. La dichotomie est fausse. Il s’agit des deux à la fois.
Tous les pays doivent adopter une stratégie mixte globale pour maîtriser leur épidémie et faire reculer ce virus meurtrier.
Les pays qui continuent à détecter des cas, à les dépister et à rechercher leurs contacts ne font pas que protéger leur propre population : ils peuvent aussi avoir une influence sur ce qui se passe dans d’autres pays et dans l’ensemble du monde.
L’OMS a regroupé ses conseils aux pays en quatre catégories : ceux où il n’y a pas de cas, ceux où il y a des cas sporadiques, ceux où il y a des groupes de cas et ceux où le virus se transmet dans la communauté.
Pour tous les pays, le but est le même : interrompre la transmission et éviter la propagation du virus.
Les pays des trois premières catégories doivent se concentrer sur la détection, le dépistage, le traitement et l’isolement des cas individuels, et sur le suivi de leurs contacts.
Dans les zones de transmission communautaire, il devient plus difficile de soumettre tous les cas présumés au dépistage et de rechercher leurs contacts. Il faut prendre des mesures pour éviter la transmission dans la communauté et ramener ainsi l’épidémie à des groupes de cas auxquels il est possible de faire face.
Suivant les circonstances, les pays où la transmission est communautaire peuvent envisager de fermer les écoles, d’annuler les rassemblements de masse et de prendre d’autres mesures pour réduire l’exposition au virus.
Les éléments fondamentaux de la riposte sont les mêmes pour tous les pays :
les mécanismes d’intervention d’urgence ;
la communication sur les risques et la participation publique ;
la recherche des cas et des contacts ;
les mesures de santé publique comme l’hygiène des mains, l’hygiène respiratoire et la réduction des contacts sociaux ;
l’analyse en laboratoire ;
le traitement des patients et la préparation des hôpitaux ;
la prévention et la lutte anti-infectieuses ; et
une approche pangouvernementale et pansociétale.
Il existe de nombreux exemples de pays montrant que ces mesures donnent des résultats.
La Chine, les États-Unis d’Amérique, l’Italie, le Japon, la République de Corée et bien d’autres pays ont déjà pris des mesures d’urgence.
Singapour offre un bon exemple d’une approche pangouvernementale – les vidéos du premier ministre Lee Hsien Loong régulièrement diffusées contribuent à expliquer les risques et à rassurer la population.
La République de Corée a intensifié ses mesures de recherche de tous les cas et contacts parmi lesquelles figure un service de prise de la température au volant pour élargir le champ de vérification et débusquer les cas qui auraient autrement échappé aux recherches.
Le Nigéria, le Sénégal et l’Éthiopie ont renforcé leur capacité de surveillance et de diagnostic pour repérer rapidement les cas.
On trouvera sur le site Web de l’OMS d’autres précisions sur les mesures spécifiques que devraient prendre les pays dans des contextes particuliers.
L’OMS continue d’apporter son soutien aux pays des quatre catégories.
Nous avons envoyé des équipements de protection individuelle à 57 pays, nous nous préparons à en envoyer à 28 autres et nous avons fait parvenir des fournitures de laboratoire à 120 pays.
Nous collaborons aussi avec nos homologues du système des Nations Unies afin d’apporter un appui à l’élaboration des plans nationaux de préparation et d’intervention comportant huit piliers.
Et nous avons mis sur pied une plateforme de partenaires pour faire correspondre les contributions des donateurs aux besoins des pays.
Comme vous le savez, de nouveaux fonds sont fournis pour la riposte et nous sommes reconnaissants à tous les pays et partenaires qui y ont contribué. Depuis vendredi dernier, des annonces de contributions nous sont parvenues de l’Arabie saoudite, de l’Azerbaïdjan, de la Chine et de la République de Corée.
Les annonces de contributions au Plan stratégique de préparation et d’intervention de l’OMS atteignent désormais près de US $300 millions.
Ces signes de solidarité mondiale sont encourageants et nous continuerons à inviter tous les pays à agir rapidement et énergiquement pour protéger leur population et sauver des vies.
Pour le moment, des signes de transmission communautaire durable n’ont été observés que dans une poignée de pays.
Fort heureusement, la plupart n’enregistrent encore que des cas sporadiques ou des groupes de cas.
Tant qu’il en sera ainsi, ces pays auront la possibilité de briser les chaînes de transmission, d’éviter la transmission communautaire et de réduire la charge que devra supporter leur système de santé.
Parmi les quatre pays confrontés au plus grand nombre de cas, la Chine est en passe de maîtriser l’épidémie et l’on observe maintenant une diminution du nombre de nouveaux cas signalés en République de Corée.
Ces deux pays démontrent qu’il n’est jamais trop tard pour faire reculer la vague du virus.
Le mot d’ordre est bien simple : il ne faut jamais abandonner la lutte.
Nous sommes encouragés par les mesures énergiques prises par l’Italie pour endiguer l’épidémie et nous espérons qu’elles porteront leurs fruits au cours des prochains jours.
Que l’espoir l’emporte sur la peur.
Que la solidarité l’emporte sur les reproches.
Que notre sens de l’humain l’emporte sur notre ennemi commun.
Je vous remercie.