Bonjour, bon après-midi ou bonsoir,
Certains pays et certaines communautés sont soumis à des restrictions économiques et sociales depuis plusieurs semaines.
Certains pays réfléchissent au moment où ils pourront lever ces restrictions tandis que d’autres envisagent de les instaurer et réfléchissent au moment opportun pour le faire.
Dans un cas comme dans l’autre, ces décisions doivent viser avant tout à protéger la santé des populations et se fonder sur ce que nous savons du virus et de son comportement.
Depuis le début, l’OMS s’intéresse vivement à cette question.
Comme nous l’avons déjà souvent dit, il s’agit d’un nouveau virus et de la première pandémie due à un coronavirus.
Nous apprenons tous en permanence et nous ajustons notre stratégie en fonction des dernières données disponibles.
Nous pouvons dire seulement ce que nous savons et nous pouvons agir seulement d’après nos connaissances.
Les données de plusieurs pays nous apportent des informations plus claires sur ce virus, son comportement et la manière d’enrayer sa propagation et de traiter la maladie qu’il provoque.
Nous savons que la COVID-19 se propage rapidement et entraîne de nombreux décès – 10 fois plus que la grippe pandémique de 2009.
Nous savons que le virus peut se propager plus facilement dans les lieux collectifs comme les maisons de retraite.
Nous savons que pour enrayer la transmission, il est essentiel de rechercher précocement les cas, d’isoler et de prendre en charge chaque cas et de rechercher chaque contact.
Nous savons que, dans certains pays, le nombre de cas double tous les trois à quatre jours.
Or, si la propagation de la COVID-19 s’accélère en très peu de temps, elle met beaucoup plus de temps à ralentir.
En d’autres termes, la descente est beaucoup plus lente que la montée.
Les restrictions doivent donc être levées très progressivement et de façon maîtrisée, pas d’un seul coup.
Les restrictions ne peuvent être levées que si les mesures de santé publique voulues sont en place, notamment d’importants moyens de recherche des contacts.
Mais si certains pays réfléchissent aux modalités d’assouplissement de ces restrictions, d’autres – en particulier de nombreux pays d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie à revenu faible ou intermédiaire – se demandent s’il faut les instaurer.
Dans les pays où les populations pauvres sont nombreuses, le confinement à domicile et les autres restrictions appliquées dans les pays à revenu élevé ne sont pas toujours envisageables.
De nombreux pauvres, migrants et réfugiés vivent dans des conditions de promiscuité et disposent de peu de ressources et d’un accès limité aux soins de santé.
Comment survivre à un confinement quand on dépend de son travail quotidien pour se nourrir ? Des articles de presse du monde entier rapportent que beaucoup de gens risquent de ne plus avoir accès aux denrées alimentaires.
Parallèlement, on estime que 1,4 milliard d’enfants ne vont plus à l’école car celle-ci a fermé. Ainsi, leur parcours scolaire est interrompu, certains enfants sont exposés à un risque accru de maltraitance et de nombreux enfants sont privés de leur principale source de nourriture.
Comme je l’ai souvent dit, la distanciation physique n’est qu’un élément de l’équation et beaucoup d’autres mesures de santé publique fondamentales doivent être mises en place.
Nous appelons aussi tous les pays qui appliquent des mesures de confinement à domicile à ne pas le faire aux dépens des droits humains.
Chaque gouvernement doit évaluer sa propre situation tout en protégeant ses citoyens, en particulier les plus vulnérables.
Pour aider les pays à prendre ces décisions, l’OMS publiera demain ses conseils stratégiques actualisés.
Cette nouvelle stratégie fait la synthèse de ce que nous avons appris et montre la voie à suivre. Elle propose six critères aux pays qui envisagent de lever les restrictions :
Premièrement, la transmission doit être maîtrisée.
Deuxièmement, le système de santé doit disposer de moyens pour détecter, tester, isoler et traiter chaque cas et pour rechercher chaque contact.
Troisièmement, les risques de flambée doivent être réduits autant que possible dans certains lieux particuliers, comme les établissements de santé et les maisons de retraite.
Quatrièmement, des mesures de prévention doivent être appliquées sur les lieux de travail, dans les établissements scolaires et dans les autres lieux essentiels pour la population.
Cinquièmement, les risques d’importation doivent être gérés.
Sixièmement, les populations doivent être formées, impliquées et dotées des moyens nécessaires pour s’adapter à la « nouvelle norme ».
Chaque pays doit mettre en œuvre une série complète de mesures pour ralentir la transmission et sauver des vies afin que la transmission soit durablement faible voire nulle.
Les pays doivent trouver un équilibre entre les mesures de lutte contre les décès dus à la COVID-19 et contre ceux dus aux autres maladies en raison de la surcharge des systèmes de santé et des conséquences socioéconomiques.
Au fur et à mesure de sa propagation, la pandémie a eu de graves conséquences socioéconomiques et sur la santé publique et a touché de façon disproportionnée les personnes vulnérables. De nombreuses populations n’ont déjà plus accès aux services de santé essentiels.
Notre monde étant interconnecté, le risque de réintroduction et de résurgence de la maladie va persister.
En fin de compte, seules la mise au point et la mise à disposition d’un vaccin sûr et efficace permettront d’interrompre totalement la transmission.
Enfin, je tiens à remercier le Royaume-Uni de sa généreuse contribution de £200 millions pour la riposte mondiale à la COVID 19.
Nous apprécions énormément ce geste de solidarité mondiale.
Dans un éditorial publié la semaine dernière, les Ministres du développement du Royaume-Uni, du Danemark, de l’Islande, de la Finlande, de l’Allemagne, de la Norvège et de la Suède appellent tous les pays à participer à cet effort commun.
Ils affirment que la seule possibilité est de s’unir pour combattre cette maladie.
Je suis tout à fait d’accord. La solution passe par la solidarité, au niveau national et au niveau mondial.
Je vous remercie.