Allocution liminaire du Directeur général de l’OMS au ‎point presse sur la COVID-19 ̶ 3 avril 2020‎

3 avril 2020

Bonjour, bon après-midi et bonsoir.‎

Comme vient de l’indiquer Tarik, nous sommes ravis de compter ‎parmi nous aujourd’hui Mme Kristalina Georgieva, Directrice ‎générale du Fonds monétaire international (FMI). Je vous souhaite ‎la bienvenue ma chère sœur.‎

Kristalina s’exprimera dans quelques minutes sur les conséquences ‎économiques de la pandémie ainsi que les mesures prises par le ‎FMI pour soutenir les pays et l’économie mondiale. ‎

Plus d’un million de cas confirmés de COVID-19 ont désormais été ‎notifiés à l’OMS, dont plus de 50 000 décès.‎

Mais nous savons qu’il s’agit de bien plus qu’une crise sanitaire. ‎Nous sommes tous conscients des profondes conséquences de la ‎pandémie aux plans économique et social.‎

Les restrictions instaurées dans de nombreux pays dans le but de ‎préserver la santé des populations ont une forte incidence sur les ‎revenus des individus et des familles, ainsi que sur l’économie des ‎communautés et des nations. ‎

Nous menons un combat commun pour protéger les vies et les ‎moyens de subsistance.‎

À court terme, les pays peuvent alléger le fardeau qui pèse sur leurs ‎populations grâce à la mise en place de programmes de protection ‎sociale visant à garantir aux populations l’accès à la nourriture et ‎aux biens et services de première nécessité. ‎

Pour certains pays, un allégement de la dette est essentiel car il ‎leur permettra de fournir des soins à leur population et d’éviter un ‎effondrement économique, et ceci constitue un domaine de ‎coopération entre l’OMS, le FMI et la Banque mondiale. ‎

Cependant, en définitive, la meilleure façon pour les pays de mettre ‎fin aux restrictions et d’atténuer les effets économiques de celles-ci ‎consiste à s’attaquer au virus, au moyen de la mise en place d’un ‎ensemble de mesures très actives et complètes que nous avons ‎déjà évoquées à plusieurs reprises, à savoir : détecter, tester, isoler ‎et traiter les cas, et identifier les contacts. ‎

Si les pays s’empressent de lever les restrictions trop rapidement, ‎on pourrait assister à une résurgence de la maladie et l’impact ‎économique en serait encore plus grave et prolongé.‎

Par conséquent, le financement de la riposte sanitaire est un ‎investissement essentiel, non seulement pour sauver des vies, mais ‎aussi pour garantir le rétablissement social et le relèvement ‎économique à long terme.‎

Les pays doivent se concentrer sur trois domaines principaux.‎

Tout d’abord, nous appelons l’ensemble des pays à veiller à ce que ‎les mesures fondamentales de santé publique soient entièrement ‎financées, notamment la recherche des cas, le dépistage, la ‎recherche des contacts, la collecte de données et les campagnes de ‎communication et d’information. ‎

Ensuite, nous prions également les pays et les partenaires de ‎renforcer le fondement des systèmes de santé ; à savoir rémunérer ‎les agents de santé et faire en sorte que les établissements de santé ‎disposent de financements fiables pour l’achat des fournitures ‎médicales essentielles.‎

Enfin, nous invitons l’ensemble des pays à supprimer les obstacles ‎financiers à la fourniture de soins. ‎

Si les populations retardent le moment de consulter un médecin ou ‎y renoncent pour des raisons financières, non seulement elles ‎s’exposent à un risque, mais aussi, du fait de leurs actions, la ‎pandémie devient plus difficile à maîtriser et entraîne une mise en ‎danger de la société.‎

Plusieurs pays suspendent les frais d’utilisation pour les actes ‎médicaux et proposent des tests de dépistage et des soins gratuits ‎de la COVID-19, indépendamment de l’assurance, de la citoyenneté ‎ou du statut de résidence d’une personne. ‎

Nous encourageons ces mesures ; en effet nous sommes confrontés ‎à une crise sans précédent, qui exige une riposte inédite. ‎

Il conviendrait de soutenir la suspension des frais d’utilisation par ‎des mesures visant à compenser la perte de revenus que subissent ‎les prestataires. ‎

Les gouvernements devraient également envisager d’utiliser les ‎transferts d’argent aux ménages les plus vulnérables afin de ‎surmonter les obstacles liés à l’accès. ‎

Cette option pourrait être particulièrement importante pour les ‎réfugiés, les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, ‎les migrants et les sans-abris.‎

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La pandémie a également des conséquences sur la lutte contre ‎d’autres maladies, comme la poliomyélite.‎

Comme vous le savez, ces dernières années, nous avons poursuivi ‎les efforts de lutte contre la poliomyélite et sommes sur le point ‎d’éradiquer cette maladie. Il s’agit d’un effort mondial massif, lancé ‎par le Rotary, soutenu par de nombreux autres partenaires et dirigé ‎par des milliers d’agents de santé, lesquels ont vacciné des enfants ‎dans des régions très difficiles d’accès et dangereuses. ‎

Nombre de ces agents de santé appuient désormais la riposte à ‎la COVID-19.‎

Ils recherchent les contacts, détectent les cas et fournissent des ‎informations de santé publique aux communautés. ‎

Afin de réduire le risque d’une transmission accrue de la COVID 19, ‎le Conseil de surveillance de la poliomyélite a pris une décision ‎difficile consistant à suspendre les campagnes de vaccination en ‎porte-à-porte, tout en sachant qu’une conséquence directe de cette ‎décision serait une augmentation des cas de poliomyélite. ‎

Pour réduire ce risque, nous apporterons un soutien aux pays afin ‎de leur permettre de maintenir une vaccination essentielle contre ‎toutes les maladies évitables par la vaccination.‎

L’OMS a publié des orientations à l’intention des pays sur la ‎manière de maintenir les services de santé essentiels tout en ‎faisant face à la crise actuelle.‎

L’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite s’efforce ‎de faire en sorte qu’une fois la vaccination sans risque rétablie, les ‎pays puissent bénéficier d’un appui afin de relancer rapidement les ‎campagnes de vaccination contre la poliomyélite. ‎

Si toute notre énergie est désormais axée sur la lutte contre la ‎COVID-19, notre engagement à éradiquer la poliomyélite demeure ‎toutefois inébranlable.‎

Malheureusement, certains pays font état d’une augmentation de ‎la violence domestique depuis le début de la flambée de COVID 19.‎

Il est demandé à chacun de rester chez soi et par conséquent les ‎violences subies du fait du partenaire intime risquent d’augmenter. ‎

Les femmes qui vivent dans une relation abusive sont davantage ‎susceptibles d’être exposées à la violence, ainsi que leurs enfants, ‎car les membres de la famille passent plus de temps en contact ‎étroit et les familles doivent faire face à un stress supplémentaire et ‎à la possibilité de la perte des revenus ou de l’emploi.‎

Les femmes peuvent également, du fait de cette situation, avoir ‎moins de contacts avec leur famille et leurs amis susceptibles de ‎leur apporter un soutien et de les protéger contre la violence dont ‎elles sont victimes.‎

Nous appelons les pays à inclure des services de lutte contre la ‎violence domestique en tant que service essentiel qu’il faut ‎continuer à assurer pendant toute la durée de la riposte à la COVID-‎‎19.‎

Si vous subissez ou risquez de subir des violences domestiques, ‎parlez-en à votre famille et à vos amis qui vous soutiennent, ‎demandez de l’aide en appelant les numéros d’urgence dédiés à ces ‎questions ou consultez les services locaux ciblant les survivant(e)s ‎de ces violences. ‎

Établissez un plan pour votre protection et celle de vos enfants, par ‎tous les moyens à votre disposition. Par exemple, vous pouvez ‎identifier un voisin, un ami, un proche chez qui vous rendre ou un ‎refuge si vous devez quitter la maison immédiatement.‎

Il n’existe aucune excuse à la violence. La violence, sous toutes ses ‎formes, nous fait horreur, et ce quel que soit le contexte. ‎

Enfin, la riposte mondiale à la COVID-19 ne serait pas possible sans ‎la générosité des pays et des partenaires.‎

Il y a deux mois, l’OMS a publié son plan stratégique de préparation ‎et de riposte d’un montant initial de US $675 millions en vue de ‎soutenir les efforts de riposte.‎

Je suis ravi d’annoncer aujourd’hui que près de US $690 millions ‎ont été reçus directement ou sous forme de promesses de dons. ‎Sur ce montant, US $300 millions ont été affectés à l’appui aux ‎activités de l’OMS, et le montant restant a été fourni ‎bilatéralement, ou à d’autres organisations participant à la riposte. ‎

Je souhaiterais remercier l’État du Koweït, qui devient ‎aujourd’hui l’un des plus grands donateurs, avec un total de US $60 ‎millions fournis.‎

Le Fonds de solidarité de l’OMS pour la lutte contre ‎la COVID-19 a recueilli plus de US $127 millions auxquels plus ‎de 219 000 individus et organisations ont contribué. Je tiens à ‎remercier Tencent pour sa contribution de US $10 millions. ‎

Je suis également heureux d’annoncer que j’ai invité l’UNICEF à ‎rejoindre le Fonds de solidarité pour la lutte contre la COVID-19. ‎L’UNICEF possède une vaste expérience tant dans la collecte de ‎fonds que dans la mise en œuvre de programmes, et notre ‎partenariat favorisera une collaboration étroite afin de sauver des ‎vies. Merci beaucoup, ma chère sœur Henrietta, d’avoir accepté ‎mon invitation.‎

Nous avons encore un long chemin à parcourir dans ce combat. ‎L’OMS œuvre chaque jour avec l’ensemble des pays et des ‎partenaires pour sauver des vies et atténuer les effets sociaux et ‎économique de la pandémie.‎

Le FMI est un partenaire clé, et je souhaiterais à présent donner la ‎parole à ma chère sœur Kristalina afin qu’elle formule quelques ‎observations. Merci beaucoup de vous joindre à nous, Kristalina.‎

Je vous remercie.‎