Allocution liminaire du Directeur général de l’OMS lors du point presse sur la COVID-19 du 20 février 2020

20 février 2020

Bonjour à tous.

Je commencerai, comme toujours, par les derniers chiffres.

À 6 h ce matin, heure de Genève, la Chine a notifié 74 675 cas de COVID-19 à l'OMS, dont 2121 décès.

Les données de Chine continuent à montrer une baisse des nouveaux cas confirmés. Une fois de plus, nous sommes encouragés par cette tendance, mais l'heure n'est pas à l'autosatisfaction.

Hors de Chine, il y a maintenant 1076 cas répartis dans 26 pays, avec un total de sept décès.

Au cours des dernières 24 heures, la République islamique d'Iran a signalé cinq cas, dont deux sont décédés. Il s'agit du premier signalement en provenance d'Iran.

Sur l'ensemble des cas hors de Chine, plus de la moitié se trouvent parmi les passagers du navire de croisière Diamond Princess.

Les premiers passagers ont à présent pu débarquer, sous réserve d'avoir un test de dépistage négatif, de n'avoir aucun symptôme et de n'avoir eu aucun contact avec un cas confirmé au cours des 14 derniers jours.

Le Japon a également conseillé aux passagers de rester chez eux pendant 14 jours supplémentaires et de surveiller leur température, et a également mis en place une assistance téléphonique pour que les passagers puissent appeler s'ils ont des inquiétudes.

Le Japon est en contact régulier avec les autres pays grâce à un mécanisme mis en place dans le cadre du Règlement sanitaire international, si bien que ces pays peuvent assurer le suivi de leurs ressortissants qui se trouvaient à bord du bateau.

Outre la surveillance de l'évolution de la flambée, le principal rôle de l'OMS est de collaborer avec les pays et les partenaires pour coordonner la riposte mondiale.

Nous agissons pour cela sur plusieurs fronts, à la fois en interne et en externe.

Comme vous le savez, une équipe internationale d'experts dirigée par l'OMS est maintenant sur le terrain en Chine ; ils travaillent avec leurs homologues chinois pour en savoir plus sur certains aspects de l'épidémie que nous ne connaissons pas, notamment la transmissibilité du virus et l'impact des mesures prises par la Chine.

Cette équipe a été constituée grâce au Réseau mondial d'alerte et d'action en cas d'épidémie (le GOARN), et réunit des experts en épidémiologie, virologie, prise en charge clinique, lutte contre les épidémies et santé publique, des institutions suivantes :

L'université nationale de Singapour ;

L'Institut Pasteur de Saint-Pétersbourg ;

L'Institut national des maladies infectieuses (National Institute of Infectious Diseases) du Japon ;

Le Collège de médecine de l'Université nationale de Séoul (Seoul National University College of Medicine), en République de Corée ;

Le Centre pour le contrôle des maladies (Centre for Disease Control) du Nigéria ;

Les Centers for Disease Prevention and Control des États-Unis d'Amérique ;

Les National Institutes of Health des États-Unis d'Amérique

Le Centre national russe de recherche médicale sur la pneumophtisiologie et les maladies infectieuses (National Medical Research Center of Phthisiopulmonology and Infectious Diseases)

Et l'Institut Robert Koch, en Allemagne.

Permettez-moi de vous rappeler certains des nombreux autres moyens mis en œuvre par l'OMS pour coordonner la riposte.

La coordination mondiale, vous le savez, est fondamentale pour combattre un ennemi dangereux tel que ce coronavirus.

Nous avons convoqué le Conseil de sécurité sanitaire de l'OMS, une réunion quotidienne où je rencontre notre chef pour les situations de crise, le Dr Mike Ryan, les Directeurs régionaux et d'autres hauts fonctionnaires, pour analyser l'évolution de la flambée et coordonner la riposte.

Hier, nous avons organisé la première des réunions à venir qui auront lieu toutes les semaines avec les missions diplomatiques ici à Genève, pour tenir nos États membres informés ; et nous organisons des réunions d'information quotidiennes telles que celle-ci, pour tenir les médias informés.

Hier, nous n'avons pas pu tenir la conférence de presse car nous avions consacrée la séance à l'information des États membres.

Je suis également en contact téléphonique hebdomadaire avec une série d'experts indépendants du monde entier, des experts de très haut niveau, pour obtenir des renseignements qui viennent compléter les conseils fournis par le Comité d'urgence.

Il y a deux semaines, j'ai informé le Secrétaire général de l'ONU et nous avons convenu de déployer l'équipe de gestion de crise des Nations Unies, dirigée par le Dr Mike Ryan. Aujourd'hui, nous organisons un deuxième échange téléphonique avec des représentants de l'ONU dans les pays, pour informer ces représentants des mesures qu'ils peuvent prendre au niveau de leur pays pour coordonner la réponse des Nations Unies –  car ce qui compte, c'est l'intervention que nous menons au niveau des pays. C'est la raison pour laquelle nous impliquons tous les coordonnateurs résidents du système des Nations Unies et les représentants de l'OMS dans les pays.

Deux fois par semaine, nous avons un rendez-vous téléphonique avec des experts cliniques qui soignent des patients atteints de la COVID-19, y compris des agents de santé qui sont en première ligne en Chine, pour partager des informations sur la progression de la maladie et sur ce qui fonctionne et ne fonctionne pas en matière de traitement.

Nous avons par ailleurs mis en place une plateforme en ligne où les cliniciens peuvent partager des données anonymisées sur leurs patients, pour pouvoir dresser un tableau plus clair de la maladie.

Ce que nous constatons, c'est que plus les patients sont dépistés et traités tôt, mieux ils s'en sortent.

Nous attendons également les résultats de deux essais cliniques de produits thérapeutiques classés prioritaires par le schéma directeur de l'OMS en matière de recherche-développement.

L'un associe deux médicaments contre le VIH, le lopinavir et le ritonavir, et l'autre teste un antiviral nommé remdisivir.

Nous espérons obtenir les premiers résultats dans trois semaines.

Ma collègue Janet Diaz est ici pour répondre à vos questions sur la prise en charge clinique des patients, car même si les gens sont infectés, il est primordial d'obtenir de meilleurs résultats et de leur sauver la vie.

J'ai écrit à 12 directeurs généraux de sociétés qui fabriquent des équipements de protection individuelle, pour solliciter leur compassion et leur coopération afin d'assurer l'approvisionnement nécessaire pour protéger les agents de santé. Il y a un retour positif de la part des fabricants. Comme je le dis toujours, l'heure est à la solidarité : les gouvernements, le secteur privé et le monde entier devraient faire front commun.

Aujourd'hui, nous avons eu un entretien téléphonique avec des organisations confessionnelles, car elles représentent un autre moyen de faire passer, dans les communautés, des messages sur la prévention de l'infection.

Nous coopérons avec les CDC d'Afrique pour coordonner nos efforts et faire en sorte que les pays africains soient prêts à faire face à l'arrivée éventuelle du virus. C'est là où nous pensons que le virus pourrait constituer un grave danger. C’est pourquoi nous nous concentrons sur les continents et les pays où les systèmes de santé sont plus fragiles.

Vous allez finir par vous lasser de m'entendre dire que nous avons toujours la possibilité de contenir cette épidémie.

L'OMS fait tout ce qui est en son pouvoir pour y parvenir et nous exhortons la communauté internationale à faire de même.

Comme je l'ai dit précédemment, ne manquons pas l'occasion qui nous est donnée d'agir maintenant. Le nombre de cas que nous avons dans le reste du monde est inférieur à celui de la Chine. Mais cela pourrait ne pas durer longtemps ; l'occasion qui se présente pourrait ne pas se renouveler, et nous devons donc saisir cette occasion qui nous est donnée pour frapper fort et mettre un terme à l'épidémie dans chaque pays.

Je vous remercie.