Allocution liminaire du Directeur général de l’OMS lors du point de presse sur les flambées épidémiques de maladie à virus Ebola et de COVID-19

12 février 2020

Bonsoir à tous les collègues qui nous ont rejoint par l’intermédiaire des médias ou depuis notre Organisation. 

Je voudrais à nouveau remercier le Professeur Steffen et l’ensemble des membres du Comité d’urgence sur la maladie à virus Ebola pour le temps consacré à ce travail et pour l’avis qu’ils ont rendu. 

Le Comité d’urgence sur la maladie à virus Ebola a jugé que la flambée épidémique en République démocratique du Congo continuait de constituer une urgence de santé publique de portée internationale, et j’ai accepté cette recommandation. 

Comme je l’ai dit hier, tant qu’il reste ne serait-ce qu’un seul cas d’Ebola dans une zone aussi peu sûre et instable que l’est de la RDC, le risque demeure de voir l’épidémie prendre des proportions bien plus importantes. 

L’OMS estime que le risque de propagation est élevé aux niveaux national et régional et faible au niveau mondial. 

Néanmoins, les signes sont très positifs dans l’est de la RDC, et j’espère que la prochaine fois que le Comité d’urgence se réunira, nous pourrons déclarer la fin de l’épidémie. 

Mais, tandis que la fin de cette épidémie approche, nous devons agir dès maintenant pour empêcher que la prochaine survienne. 

Il ne faut pas oublier non plus que, si cette épidémie a tué 2249 personnes, la rougeole a fait plus de 6300 décès en RDC, en moins de temps. 

Seule la moitié des établissements de santé ont accès à l’eau. 

Renforcer un système de santé a peut-être moins de panache que combattre une épidémie, mais c’est tout aussi important. 

Je me rendrai demain à Kinshasa, en RDC, pour discuter avec le Président Felix Tshisekedi et plusieurs ministres de haut rang des moyens de renforcer le système de santé national et de protéger et promouvoir la santé de son peuple. 

L’épidémie actuelle de COVID-19 montre pourquoi cet aspect est aussi central. 

Notre plus grande peur porte toujours sur les ravages que ce coronavirus pourrait faire dans un pays comme la RDC. 

Tandis que les flammes s’apaisent d’un côté, nous devons faire face à un autre front de feu. 

À 6 heures ce matin (heure de Genève), on dénombrait 44 730 cases de COVID-19 en Chine, dont 1 114 décès. 

Hors de Chine, il y avait 441 cas répartis dans 24 pays, dont un décès. 

Le nombre de nouveaux cas confirmés signalé en Chine s’est stabilisé au cours de la semaine écoulée, mais ces données doivent être interprétées avec la plus grande prudence. 

L’évolution de cette épidémie reste imprévisible. 

Le nombre de pays dans lequel des cas sont rapportés n’a pas changé depuis le 4 février. Sur les 48 nouveaux cas confirmés hors de Chine hier, 40 étaient à bord du Diamond Princess, ce bateau de croisière actuellement en quarantaine à Yokohama. 

Nous sommes en contact permanent avec le gouvernement japonais, l’Organisation maritime internationale et le propriétaire du bateau pour protéger la santé de tous les passagers. 

Ce sont désormais trois navires de croisière pour lesquels les formalités de débarquement sont retardées ou qui se voient interdire l’accès aux ports, souvent en l’absence d’évaluation des risques reposant sur des données factuelles. 

En collaboration avec l’Organisation maritime internationale, nous allons diffuser un communiqué enjoignant tous les pays de respecter le principe de « libre pratique » pour les navires et le principe de soins appropriés à tous les voyageurs, conformément au Règlement sanitaire international. 

Nous avons aussi instauré des voies de communication régulières avec l’OIM, la Cruise Lines International Association et les principaux opérateurs de croisières pour être sûrs de disposer d’informations précises et de pouvoir fournir les conseils adéquats. 

L’OMS a diffusé des orientations sur la manière de gérer des évènements où la santé publique est en jeu, comme celui-ci, sur des navires, et nous appelons instamment les pays et les compagnies maritimes à suivre ces orientations. 

Je suis aussi heureux de vous annoncer qu’aujourd’hui le Cambodge est convenu d’accepter le paquebot de croisière Westerdam, qui est immobilisé en mer depuis plusieurs jours. 

D’après les informations dont nous disposons, il n’y a aucun cas présumé ou confirmé de COVID-19 à bord du Westerdam. 

Le navire arrivera au Cambodge demain matin. 

Je me suis entretenu cet après-midi avec le Ministre de la santé du Cambodge pour le remercier d’avoir autorisé le Westerdam à accoster dans son pays, et je souhaiterais saisir cette occasion pour saluer le gouvernement, en particulier son Excellence le Premier Ministre. 

Il s’agit là d’un exemple de solidarité internationale que nous avons toujours appelé de nos vœux. 

Les flambées épidémiques peuvent faire surgir le meilleur comme le pire chez l’être humain. 

La stigmatisation d’individus ou de nations entières ne fait que nuire à la riposte. 

Au lieu de mettre toute notre énergie à combattre la flambée, la stigmatisation détourne notre attention et dresse les gens les uns contre les autres. 

Je ne cesserai de le répéter : dans un moment comme celui-ci, il faut afficher notre solidarité, et refuser toute stigmatisation. 

Comme vous le savez, le forum sur la recherche et l’innovation sur la COVID-19 s’est terminé cet après-midi. 

J’ai été vraiment réconforté de voir avec quelle énergie et quelle vitesse les milieux de la recherche mondiale se sont saisis de ce nouveau défi. 

Au moment où je vous parle, des groupes de recherche rencontrent les principaux bailleurs de fonds pour la recherche afin que les travaux sur les questions les plus urgentes puissent commencer dès maintenant. 

Parmi ces questions figurent des tests de diagnostic faciles à utiliser, les meilleures approches pour la prévention de l’infection, les thérapies susceptibles d’être utilisées pour traiter les patients, les candidats vaccins existants et la meilleure manière d’accélérer leur mise au point, ainsi que la gestion de l’information sur la flambée épidémique. 

Nous menons aussi des investigations plus approfondies pour identifier la source du virus et prévenir de nouvelles transmissions de l’animal à l’homme. 

L’OMS élabore actuellement un plan-cadre pour coordonner les essais cliniques et veiller à leur réalisation de manière cohérente et homogène. 

Entretemps, nous continuons à soutenir les pays en leur fournissant les outils et le matériel dont ils ont besoin maintenant pour diagnostiquer les cas et protéger les agents de santé. 

Nous avons expédié des kits de diagnostic vers les laboratoires du monde entier, et nous continuerons à le faire. 

Et nous expédions aussi des cargaisons de masques, de gants, de blouses et d’autres équipements de protection individuelle pour protéger les agents de santé en première ligne dans 18 pays qui ont besoin de notre soutien, et d’autres expéditions sont en cours de préparation. 

Pour terminer, notre première équipe envoyée en Chine a bien avancé dans son travail pour finaliser sa composition et la portée de ses travaux. Nous espérons pouvoir vous en dire bientôt davantage. 

Je vous remercie.