Bonjour.
Excellences, chers collègues et amis.
Il est difficile de croire qu'il y a seulement 50 jours, le bureau de l'OMS en Chine recevait la notification d'un cluster de cas de pneumonie de cause inconnue dans la ville de Wuhan.
En sept semaines seulement, cette flambée a focalisé l'attention du monde entier, et à juste titre, car elle a le pouvoir de provoquer de graves bouleversements politiques, sociaux et économiques.
L'OMS, comme vous le savez, a déclaré une urgence de santé publique de portée internationale moins d'un mois après la notification des premiers cas, quand nous avons commencé à voir des signes de transmission interhumaine en dehors de la Chine.
À 6 h ce matin, heure de Genève, la Chine a notifié à l'OMS 74 279 cas, dont 2006 décès.
Hors de Chine, on dénombre à présent 918 cas répartis dans 25 pays, dont trois décès.
Les données de Chine semblent montrer une diminution du nombre de nouveaux cas. C'est une bonne nouvelle, mais il faut interpréter ces chiffres avec beaucoup de prudence. Il est bien trop tôt pour faire des prédictions sur cette flambée.
Hors de Chine, nous avons constaté une diminution constante du nombre de nouveaux cas, mais nous n'avons pas encore constaté de transmission locale durable, sauf dans des circonstances particulières comme celles du navire de croisière Diamond Princess.
Bien sûr, cela pourrait encore changer. Nous avons encore l'occasion d'éviter une crise mondiale plus large, grâce aux efforts énergiques de la Chine pour contenir l'épidémie à sa source.
Ces efforts ont permis de ralentir la propagation du virus à l'échelle internationale, ce qui a fait gagner du temps au monde entier.
Il y a sept semaines, ce virus nous était complètement inconnu. Chaque jour qui passe, nous en savons un peu plus.
Nous savons que plus de 80 % des patients souffrent d'une forme bénigne et se rétabliront.
Mais les 20 % restants sont des patients atteints d'une forme sévère ou critique de la maladie, avec des symptômes allant de l'essoufflement au choc septique et à la défaillance multiviscérale.
Chez environ 2 % des cas signalés, le virus est mortel, et le risque de décès augmente avec l'âge du malade et avec la présence de problèmes de santé sous-jacents.
Nous observons relativement peu de cas chez les enfants. Il faudra approfondir les recherches pour en comprendre la raison.
Comme vous le savez, une équipe internationale d'experts dirigée par l'OMS est maintenant à pied d'œuvre sur le terrain en Chine ; ils travaillent avec leurs homologues chinois pour en savoir plus sur certains aspects de l'épidémie que nous ne connaissons pas, notamment la sévérité de la maladie, la transmissibilité du virus, et l'impact des mesures prises par la Chine.
L'équipe conjointe dirigée par l'OMS réunit des experts de renom venant de Chine et du monde entier, qui se sont engagés à mettre en commun leur expertise scientifique pour mieux comprendre l'épidémie et sauver des vies.
Cette mission a été lancée dans le cadre du Réseau mondial d'alerte et d'action en cas d'épidémie (le GOARN) et nous remercions tous les partenaires de ce réseau pour leur soutien et leur coopération sans faille.
L'équipe comprend des experts des domaines de l'épidémiologie, de la virologie, de la prise en charge clinique, de la lutte contre les épidémies et de la santé publique, venant des institutions suivantes :
L'université nationale de Singapour
L'Institut Pasteur de Saint-Pétersbourg
L'Institut national des maladies infectieuses (National Institute of Infectious Diseases) du Japon
Le Collège de médecine de l'Université nationale de Séoul (Seoul National University College of Medicine), en République de Corée
Le Centre pour le contrôle des maladies (Centre for Disease Control) du Nigéria
Les Centers for Disease Prevention and Control des États-Unis d'Amérique
Les National Institutes of Health des États-Unis d'Amérique
Le Centre national russe de recherche médicale sur la pneumophtisiologie et les maladies infectieuses (National Medical Research Center of Phthisiopulmonology and Infectious Diseases)
Et l'Institut Robert Koch, en Allemagne.
Depuis la déclaration de l'USPPI, nous avons intensifié notre coordination, aussi bien en interne qu'en externe.
Nous avons convoqué le Conseil de sécurité sanitaire de l'OMS, une réunion quotidienne où je rencontre le Dr Ryan, les Directeurs régionaux et d'autres hauts fonctionnaires, pour coordonner notre réponse.
Je prends également conseil auprès de divers experts, en complément du Comité d'urgence, pour être sûr que nous comprenons l'évolution de la flambée et que nous y répondons en conséquence, et une réunion hebdomadaire est organisée avec ces experts internationaux.
Il y a deux semaines, j'ai informé le Secrétaire général et nous avons convenu de déployer l'équipe de gestion de crise des Nations Unies, dirigée par le Dr Mike Ryan, afin de permettre à l'OMS de se concentrer sur la riposte sanitaire tandis que les autres agences mettent à profit leur expertise pour examiner les répercussions sociales, économiques et de développement plus larges de l'épidémie, de façon à ce que nous unissions tous nos forces respectives. Cette coordination, vous le savez, est très importante.
Le Secrétaire général et moi-même avons toute confiance dans le Dr Ryan pour guider la riposte.
Nous collaborons avec des fabricants d'équipements de protection individuelle par le biais du Pandemic Supply Chain Network, le réseau des chaînes d'approvisionnement en cas de pandémie, pour faire face à la grave pénurie sur le marché de masques, gants, blouses et autres EPI, et être ainsi en mesure de protéger les agents de santé.
Nous coopérons avec les CDC d'Afrique pour coordonner nos efforts et faire en sorte que les pays africains soient préparés à l'arrivée éventuelle du virus.
Comme vous le savez, l'une de nos préoccupations, c'est que ce virus parvienne à atteindre des pays dont les systèmes de santé sont plus fragiles.
D'ici la fin de cette semaine, 40 pays d'Afrique et 29 des Amériques seront en mesure de détecter le nouveau coronavirus 2019.
Nous avons également expédié des fournitures d'équipement de protection individuelle dans 21 pays, et nous en expédierons dans 106 autres dans les prochaines semaines.
Nous formons des milliers d'agents de santé, et nous fournissons des conseils aux pays sur la manière d'effectuer le triage, le dépistage, la recherche de contacts et le traitement.
La semaine dernière, nous avons rassemblé la communauté internationale des chercheurs pour définir les priorités de la recherche, en particulier dans les domaines du diagnostic, de la thérapeutique et des vaccins.
Nous avons également publié un Plan stratégique de préparation et de riposte, avec un appel de fonds à hauteur de US $675 millions pour aider les pays à se préparer.
Depuis que nous avons émis cet appel il y a deux semaines, nous avons reçu plusieurs promesses de soutien, ce dont nous nous réjouissons, mais la concrétisation est très lente à venir et le taux de réponse reste faible ; c'est pourquoi nous demandons votre soutien pour remédier à ce problème.
La solidarité de la communauté internationale est très importante, notamment pour aider les pays qui ont des systèmes de santé plus fragiles à se préparer.
Il faut agir dès maintenant, et je compte sur la communauté internationale pour se mobiliser si nous voulons profiter de l'occasion qui nous est offerte en ce moment.
Nous sommes également préoccupés à l'idée de voir peut-être des dons importants canalisés vers le développement de vaccins, privant ainsi la riposte de fonds indispensables pour des interventions simples de santé publique qui peuvent sauver des vies dès maintenant.
Nous avons certes besoin de vaccins, c'est important, mais nous devons trouver un équilibre, ce n'est pas soit l'un, soit l'autre.
Nous avons besoin d'investissements équilibrés dans des solutions à court terme et à plus long terme.
Comme je l'ai déjà dit, ces investissements sont nécessaires pour profiter de l'occasion qui nous est offerte en ce moment ; une occasion d'agir que nous ne devons pas laisser passer.
Je vous remercie.