Allocution liminaire du Directeur général de l’OMS lors du point presse sur la COVID-19 - 13 mars 2020

13 mars 2020

Bonjour à tous.

J'aimerais tout d'abord souligner aujourd'hui que même si la COVID-19 a capté l'attention du monde entier, il existe toujours beaucoup d'autres problèmes de santé auxquels les gens continuent d'être confrontés, jour après jour, et que l'OMS poursuit son travail sur ces questions.

Des bébés continuent d'être mis au monde. Des interventions chirurgicales indispensables continuent d'être pratiquées. Des gens continuent d'avoir besoin de soins d'urgence après des accidents de la route. Des gens continuent d'avoir besoin de traitements contre le cancer, le diabète, le VIH, le paludisme et bien d'autres maladies.

Et pour toutes ces personnes, nous avons besoin d'agents de santé. Aujourd'hui, je tiens à adresser personnellement un grand merci à tous les professionnels de la santé du monde entier ; en particulier les sages-femmes et le personnel infirmier, auxquels nous rendons hommage cette année dans le cadre de la célébration de l'Année internationale des sages-femmes et du personnel infirmier.

Vous faites un travail héroïque. Nous savons que cette crise représente un énorme fardeau pour vous et vos familles. Nous savons que vous êtes sollicités à la limite de vos capacités.

Vous avez notre admiration, notre respect, et notre engagement à faire l'impossible pour assurer votre sécurité et vous permettre de faire votre travail.

Plus de 132 000 cas de COVID-19 ont maintenant été notifiés à l'OMS, répartis dans 123 pays et territoires.

5000 personnes ont perdu la vie, un chiffre qui marque un cap tragique.

L'Europe est à présent devenue l'épicentre de la pandémie, avec plus de cas et de décès signalés que le reste du monde combiné, à l'exception de la Chine.

Il y a maintenant plus de cas notifiés chaque jour qu'il n'y en a eu en Chine au plus fort de son épidémie.

Nous trouvons encourageant de voir beaucoup de pays prendre maintenant des mesures actives dans le cadre des huit piliers du plan stratégique de préparation et d'intervention de l'OMS.

La plupart des pays ont désormais un plan national ; la plupart adoptent une approche multisectorielle et la plupart ont les capacités de dépistage en laboratoire.

L'OMS a publié des orientations factuelles que chaque pays peut utiliser, pour chacun des huit piliers.

Et nous continuons à apporter notre appui aux pays pour qu'ils se préparent et soient prêts à faire face.

Nous avons expédié des équipements de protection individuelle à 56 pays, nous sommes en train d'en expédier à 28 autres, et nous avons envoyé près de 1,5 million de tests de diagnostic à 120 pays.

Notre message aux pays reste le même : vous devez adopter une approche globale.

Pas seulement des tests. Pas seulement la recherche des contacts. Pas seulement la quarantaine. Pas seulement la réduction des contacts sociaux. Faites tout.

Tout pays qui considère l'expérience d'autres pays confrontés à de grandes épidémies et qui pense « cela ne nous arrivera pas » commet une erreur fatale. Cela peut arriver à n'importe quel pays.

L'expérience de la Chine, de la République de Corée, de Singapour et d'autres pays démontre clairement que des mesures énergiques de dépistage et de recherche des contacts, combinées à des mesures de distanciation sociale et à la mobilisation collective, peuvent prévenir les infections et sauver des vies.

Ce que l'on observe au Japon démontre également qu'une approche pangouvernementale menée par le Premier Ministre Abe lui-même, appuyée par une investigation approfondie des groupes de cas, est une étape cruciale pour réduire la transmission.

L'OMS donne des conseils clairs aux gouvernements, aux entreprises et à tout un chacun.

Premièrement, se préparer et se tenir prêt.

Chaque personne doit connaître les signes et les symptômes et savoir comment se protéger et protéger les autres.

Chaque agent de santé devrait être en mesure de reconnaître cette maladie, de prodiguer des soins et de savoir quoi faire avec ses patients.

Chaque établissement de santé devrait être prêt à traiter un grand volume de patients, et à garantir la sécurité de son personnel et des patients.

Deuxièmement, détecter, protéger et traiter.

On ne peut pas combattre un virus si l'on ne sait pas où il se trouve. Trouvez, isolez, testez et traitez chaque cas, afin d'interrompre les chaînes de transmission.

Chaque cas qui est trouvé et soigné limite l'expansion de la maladie.

Troisièmement, réduire la transmission.

Ne vous contentez pas de laisser ce feu brûler.

Isolez les malades et mettez leurs contacts en quarantaine. Des mesures qui réduisent les contacts sociaux, telles que l'annulation de manifestations sportives, peuvent également contribuer à réduire la transmission. Ces mesures dépendront bien entendu du contexte local et de l'évaluation des risques locaux, et devraient être limitées dans le temps.

Même si l’on ne peut pas arrêter la transmission, on peut la ralentir et sauver des vies.

Et quatrièmement, innover et apprendre.

Il s’agit d’un virus nouveau et d’une situation nouvelle. Nous apprenons tous et nous devons tous trouver de nouvelles façons de prévenir les infections, de sauver des vies et de limiter l’impact le plus possible. Tous les pays ont des enseignements à partager.

Il y a des choses simples et efficaces que nous pouvons tous faire pour réduire le risque d'infection pour nous-mêmes et pour ceux qui nous entourent.

Se laver les mains régulièrement, avec une solution hydroalcoolique ou à l'eau et au savon.

Se couvrir la bouche et le nez avec le coude si l'on tousse ou éternue.

Rester à la maison si l'on est malade.

Éviter les voyages non indispensables et les grands rassemblements sociaux.

Suivre les conseils de notre autorité sanitaire locale ou nationale.

Trouver et partager des informations fiables.

Et enfin, on peut faire un don.

En coopération avec la Fondation pour les Nations Unies et la Swiss Philanthropy Foundation, l'OMS lance aujourd'hui le Fonds de riposte solidaire à la COVID-19, afin de permettre aux particuliers et aux organisations d'apporter leur contribution aux efforts de lutte.

Jusqu'à présent, nous avons surtout compté sur les gouvernements pour soutenir la riposte.

Nous remercions tous les pays qui se sont déjà mobilisés pour le plan stratégique de préparation et d'intervention de l'OMS, notamment le Japon, qui a apporté cette semaine une contribution de US $155 millions.

À présent, chacun pourra faire une contribution.

Les fonds recueillis serviront à coordonner la riposte, à acheter des masques, des gants, des blouses et des lunettes de protection pour les agents de santé, à acheter des tests de diagnostic, à améliorer la surveillance, et à investir dans la recherche et le développement.

Pour faire un don au Fonds de riposte solidaire à la COVID-19, allez sur who.int/fr, et cliquez sur le bouton orange « Faire un don » en haut de la page.

Nous remercions Google, Facebook et toutes les personnes qui ont déjà apporté une contribution.

Chaque dollar donné est un dollar qui permet de sauver des vies.

Nous sommes tous dans le même bateau.

Je vous remercie.