Excellences, chers collègues et amis,
Bonjour,
Ce sont désormais près de deux millions de cas de COVID-19 qui ont été signalés à l’OMS depuis le monde entier, et plus de 123 000 décès.
Soit plus de 40 000 décès supplémentaires depuis que je me suis adressé à vous il y a une semaine.
Cette hausse est alarmante et tragique.
Dans le même temps, nous voyons quelques signes encourageants dans certains pays qui ont été l’épicentre de la pandémie.
Comme vous le savez, certains pays envisagent désormais de lever les restrictions sociales et économiques.
C’est là quelque chose que nous souhaitons tous – mais cela doit être fait avec une prudence extrême.
Si nous allons trop vite, nous risquons une résurgence de la maladie qui pourrait même être pire que la situation actuelle.
Notre nouvelle stratégie actualisée énonce les six critères à satisfaire par les pays au moment où ils envisagent de lever les restrictions.
Premièrement, que la transmission soit maîtrisée ;
Deuxièmement, que le système de santé dispose des capacités de détecter, tester, isoler et traiter tout cas éventuel et d’en rechercher les contacts ;
Troisièmement, que les risques de flambée soient réduits au minimum dans les établissements spécifiques tels que les établissements de santé ou les foyers pour personnes âgées.
Quatrièmement, que des mesures préventives soient appliquées sur les lieux de travail, dans les écoles et les autres lieux indispensables pour la population ;
Cinquièmement, que les risques à l’importation puissent être gérés ;
Et sixièmement, que les communautés soient pleinement éduquées, mobilisées pour s’adapter à la « nouvelle norme », et que les moyens leur en soient donnés.
Parallèlement, le virus se déplace vers des pays et des communautés où de nombreuses personnes vivent dans des conditions d’extrême promiscuité, et où la distanciation physique est quasiment impossible.
La COVID-19 amplifie les inégalités sanitaires existantes. Les gouvernements doivent tenir compte du fait que pour certains pays et certaines communautés, les injonctions à rester chez soi peuvent ne pas être applicables, voire causer involontairement des dommages
Des millions de personnes dans le monde entier doivent travailler chaque jour pour rapporter de quoi nourrir leur famille. Sans aide, il leur est impossible de rester chez eux pendant de longues périodes.
Nous sommes préoccupés par les explosions de violence dus aux mesures de distanciation physique qui sont relatées par les médias.
Nous sommes aussi alarmés par la tendance à la hausse des violences domestiques liées aux mesures de confinement qui nous est signalée, Tous les pays doivent s’en préoccuper.
Par ailleurs, pour environ 1,4 milliard d’enfants, les écoles sont fermées. Leur éducation est en suspens ; certains d’entre eux sont ainsi à la merci d’un risque accru d’abus, et beaucoup sont privés de leur première source de nutrition et de soins.
La pandémie perturbe aussi la fourniture des services de santé essentiels et entrave la lutte que nous menons contre d’autres maladies prioritaires.
Les campagnes de vaccination contre la poliomyélite sont d’ores et déjà suspendues, et d’autres programmes de vaccination sont en danger du fait de la fermeture des frontières et de la perturbation des voyages.
Depuis vendredi, quatre nouveaux cas de maladie à virus Ebola ont été signalés en République démocratique du Congo, après 54 jours sans aucun nouveau cas.
===
J’aimerais saisir cette occasion, revenant à la COVID-19, pour formuler quelques remarques sur les marchés de produits frais.
Les informations relayées par certains médias concernant l’avis de l’OMS sur la réouverture des marchés de produis frais en Chine sont incorrectes.
La position de l’Organisation mondiale de la Santé est toujours la suivante : tous les secteurs touchés par la COVID-19 – y compris les marchés alimentaires – en Chine et dans le monde entier doivent imposer des systèmes de réglementation rigoureux et des normes élevées de propreté, d’hygiène et de sécurité une fois qu’ils sont en mesure de reprendre progressivement leurs activités ordinaires.
L’OMS maintient que les gouvernements doivent imposer avec rigueur des interdictions de la vente d’animaux sauvages. Et ils doivent appliquer une réglementation sur la sécurité sanitaire et l’hygiène des aliments pour garantir que les aliments vendus sur les marchés ne présentent aucun risque.
L’OMS a fourni des orientations et un soutien aux pays sur la sécurité sanitaire des marchés, notamment des orientations pour les commerces alimentaires dans le contexte de la COVID-19 et sur la sécurité sanitaire des aliments et les marchés d’animaux vivants.
L’OMS a collaboré étroitement avec l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) depuis le début de la flambée de COVID-19, pour prévenir les maladies zoonotiques dans tous les secteurs concernés.
L’OMS est déterminée à collaborer avec tous les pays pour trouver des solutions adaptées pour mettre un terme à la transmission, tout en veillant à maintenir les services de santé essentiels et à atténuer les impacts socio-économiques de la pandémie.
Ce n’est qu’en travaillant ensemble que nous parviendrons à maîtriser cette pandémie.
Le travail doit se faire non seulement au niveau international et au niveau national, mais aussi au niveau des communautés.
J’ai eu quelques bonnes nouvelles.
En début de semaine, j’ai eu l’honneur de m’entretenir avec les leaders des pays de l’ASEAN+3.
Grâce à leur expérience du SRAS et de la grippe aviaire, ces pays ont mis en place des mesures et des systèmes qui les aident désormais à détecter la COVID-19 et à y répondre.
En Afrique, les populations se mobilisent.
Une longue expérience de la prise en charge de maladies telles que le VIH et la tuberculose signifie que certains pays ont déjà les compétences, l’infrastructure de laboratoire, et les réseaux d’agents de santé communautaires qui seront essentiels pour endiguer la COVID 19.
D’autres récits nous viennent de quartiers pauvres, où des associations communautaires installent des points de lavage des mains et de distribution de savon, d’eau de Javel et de désinfectant pour les mains, et combattent activement les fausses informations.
D’autres pays travaillent au dépistage en amont, à la mise en place de points de lavage des mains dans les stations de transport, et créant des centres d’appels téléphoniques ou des campagnes menées par des célébrités pour sensibiliser la population.
La semaine dernière, nous avons créé une équipe spéciale des Nations Unies chargée de la chaîne d’approvisionnement, avec le Programme alimentaire mondial et d’autres partenaires intérieurs et extérieurs aux Nations Unies.
Cette chaîne d’approvisionnement d’urgence est conçue pour couvrir plus de 30 % des besoins mondiaux au cours de la phase aiguë de la pandémie.
Elle disposera de centres dans huit pays et déploiera seize 747 et avions de transport de marchandises de taille moyenne, ainsi que des avions de transport de passagers.
Chaque mois, nous enverrons des millions de fournitures, notamment des combinaisons de protection individuelle, des respirateurs, du matériel de laboratoire et de l’oxygène, ainsi que du personnel médical et technique.
Le premier vol de solidarité a décollé mardi, et d’autres suivront.
Aujourd’hui, je suis heureux d’accueillir Amer Daoudi, Directeur de la logistique et des achats de produits alimentaires au Programme alimentaire mondial.
Nous travaillons en étroite collaboration avec mon frère David Beasley. Merci Amer, et merci au Programme alimentaire mondial pour votre soutien et votre partenariat.
Le Programme alimentaire mondial estime qu’il aura besoin d’environ US $280 millions, simplement pour couvrir les coûts du stockage et du transport des approvisionnements. Les coûts d’achat des marchandises seront bien supérieurs.
Nous appelons instamment les donateurs à soutenir ce système d’une importance vitale et le Programme alimentaire mondial.
Nous sommes tous engagés dans le même combat, et ce n’est qu’ensemble que nous vaincrons.
Je vous remercie.