Allocution d’ouverture du Directeur général de l’OMS au XIe Forum de Bakou, cérémonie d’ouverture – « Réparer un monde fracturé » – 14 mars 2024

Organisateur : Centre international Nizami Ganjavi

14 mars 2024

Votre Excellence, Président Aliyev, 

Madane Vaira Vike-Freiberga, ancienne présidente de la Lettonie, coprésidente du Centre international Nizami Ganjavi (NGIC), 

Monsieur Ismail Serageldin, notre modérateur, coprésident du NGIC, 

Monsieur le Secrétaire général, Rovshan Muradov, 

Excellences, chers membres du NGIC, chers collègues et amis, 

Je voudrais tout d’abord remercier Son Excellence le Président pour les progrès accomplis par l’Azerbaïdjan sur la voie de la couverture sanitaire universelle, grâce au régime d’assurance maladie obligatoire, qui couvre plus de 3300 services de santé. 

C’est à cela que ressemble la santé pour toutes et tous. 

Je vous félicite également, ainsi que votre gouvernement et la population azerbaïdjanaise, pour le leadership dont vous faites preuve en accueillant la COP29 plus tard cette année. 

L’OMS se réjouit à l’idée de travailler avec la présidence azerbaïdjanaise pour veiller à ce que la santé reste une priorité inscrite à l’ordre du jour de la COP29, en s’inspirant de l’expérience des Émirats arabes unis, qui ont pour la première fois consacré une journée entière à la santé lors de la COP28. 

Je remercie aussi le Centre international Nizami Ganjavi pour le soutien accordé depuis de nombreuses années à l’OMS et à notre mission. 

Nous avons célébré l’an dernier le 75e anniversaire de la création de l’OMS. 

L’OMS est née au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, de la prise de conscience que la seule alternative aux conflits mondiaux était la coopération mondiale. 

Notre Constitution a été l’un des premiers documents juridiquement contraignants à affirmer que la santé de tous les peuples est un droit humain fondamental, sans distinction aucune. 

Mais elle va plus loin en affirmant que la santé est une condition fondamentale de la paix du monde et de la sécurité et qu’elle dépend de la coopération la plus étroite des individus et des États. 

La pandémie de COVID-19 en a été une démonstration éclatante, montrant que lorsque la santé est en danger, tout est en danger. 

Les répercussions de la pandémie sont allées bien au-delà des décès et des maladies causés par le virus lui-même, bouleversant les sociétés, les économies et les systèmes de santé, comme vous le savez. 

Elle a érodé la confiance entre les populations, les gouvernements et les institutions, un phénomène alimenté par un torrent de mésinformation et de désinformation. 

Et vous savez très bien comment la pandémie a exacerbé les tensions géopolitiques à l’échelle mondiale. 

La question clé est maintenant de savoir si nous tirerons les leçons des erreurs commises lors de la pandémie. 

Parce que la question n’est pas de savoir si la prochaine pandémie aura lieu, mais quand. 

C’est pourquoi l’ensemble des 194 États Membres de l’OMS négocient actuellement un accord juridiquement contraignant sur la prévention, la préparation et la riposte face aux pandémies, afin de jeter les bases d’une coopération internationale qui a si cruellement fait défaut pendant cette pandémie. 

Lorsqu’ils se sont lancés dans cette aventure en décembre 2021, les États Membres se sont fixé une date limite pour achever les négociations à temps pour l’Assemblée mondiale de la Santé en mai de cette année. 

C’est maintenant dans moins de 10 semaines. 

Les pays ont bien progressé et la plupart des aspects des deux instruments font l’objet d’un large consensus. 

Mais il reste des domaines essentiels où un consensus n’a toujours pas été obtenu. 

Dans le même temps, les négociations sont rendues plus difficiles par un torrent de mésinformation et de désinformation visant l’accord – selon lesquelles il s’agit d’un coup de force de l’OMS, qui portera ainsi atteinte à la souveraineté nationale. 

Ces affirmations sont totalement fausses, comme vous le savez, mais elles sont tonitruantes et persistantes. 

Le temps presse. Si nous manquons l’occasion de mettre en place un accord sur les pandémies, nous risquons de perdre la dynamique actuelle. 

Plus important encore, nous risquons de laisser le monde exposé à ces mêmes carences qui ont entravé la riposte mondiale à la COVID-19 : un manque de coordination, un manque de partage de l’information et un manque d’équité. 

Pourtant, si les pays peuvent s’unir dans un esprit de compromis, ils peuvent démontrer que lorsque nous travaillons ensemble, nous pouvons trouver un terrain d’entente, une voie commune pour aller de l’avant, et nous pouvons réparer notre monde fracturé. 

Excellences, 

L’accord sur les pandémies est essentiel à notre mission, pour l’humanité et pour la construction d’un monde plus sain, plus sûr et plus juste pour les générations à venir. 

J’exhorte toutes celles et tous ceux d’entre vous qui prenez part aujourd’hui au gouvernement de votre pays à travailler dans un esprit d’urgence et de solidarité pour finaliser l’accord au cours des neuf prochaines semaines.  

Et j’invite instamment toutes celles et tous ceux d’entre vous qui avez pris part dans le passé au gouvernement de votre pays à user de leur influence et de leur voix pour plaider en faveur d’un accord solide et efficace qui puisse protéger les générations futures. 

Soixante-Quinze ans après la création de l’OMS, la nécessité d’une coopération internationale est plus importante que jamais, sur la base d’un engagement commun en faveur du multilatéralisme, de la solidarité et de l’équité. 

Je vous remercie.