Observations du Directeur général de l'OMS devant l’Alliance pour le ‎multilatéralisme

26 juin 2020
Monsieur le Ministre Jean-Yves Le Drian, ‎

Monsieur le Ministre Heiko Maas,‎

Mesdames et Messieurs les invités d’honneur, Excellences, chers ‎collègues et amis,‎

Bonjour, guten tag, good morning, good afternoon and good evening.‎

Hier, les Ministres de la santé de la France et de l’Allemagne m’ont fait ‎l’honneur de se joindre à moi. Ces deux pays sont depuis longtemps ‎des amis de l’OMS et des promoteurs de la santé mondiale, et nous ‎attachons un grand prix à leur soutien politique, financier et ‎technique. ‎

La pandémie de COVID-19 met à l’épreuve nos structures politiques, ‎économiques, culturelles et sociales. ‎

L’Alliance pour le multilatéralisme défend l’idée d’un monde qui ‎œuvre ensemble pour résoudre les problèmes de notre temps. ‎

Fidèle à cette idée, je suis heureux de me joindre à vous aujourd’hui ‎pour célébrer le soixante-quinzième anniversaire de la signature de la ‎Charte des Nations Unies et de tout ce qu’elle symbolise. ‎

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Pour commencer, je tiens à affirmer l’attachement de l’OMS aux ‎valeurs et aux principes de solidarité exprimés dans la déclaration ‎ministérielle que l’Alliance pour le multilatéralisme a adoptée en avril ‎dernier. ‎

Pour reprendre les termes de cette déclaration : « L’humanité que ‎nous avons en partage doit continuer de nous unir ».‎

La pandémie de COVID-19 n’a épargné aucun pays et a été pour nous ‎tous une leçon d’humilité. ‎

Plus de 9,4 millions de cas ont été signalés à l’OMS jusqu’à présent et ‎près d’un demi-million de personnes sont mortes. ‎

Le monde n’était pas suffisamment préparé à cette pandémie et les ‎effets s’en feront sentir pendant longtemps encore. ‎

Elle a désorganisé l’éducation, figé les économies et plongé des ‎millions de familles dans la pauvreté.‎

Depuis le début de l’épidémie, mes collègues de l’OMS ont travaillé ‎sans relâche jour et nuit pour coordonner la riposte mondiale.‎

Nous avons mobilisé nos réseaux d’experts internationaux pour faire ‎appel aux épidémiologistes, cliniciens, sociologues, statisticiens, ‎virologues, spécialistes de la communication sur les risques et autres ‎experts les plus en vue afin que notre action soit véritablement ‎mondiale.‎

Nous avons aussi collaboré avec les grandes sociétés technologiques ‎pour dissiper les mythes et les rumeurs en dispensant des conseils ‎fiables, fondés sur des données scientifiques.‎

Notre équipe EPI-WIN a adapté nos conseils sur les moyens de se ‎protéger et de protéger les autres pour les individus et les ‎communautés, les agents de santé, les employés et les travailleurs, les ‎organisations confessionnelles et d’autres encore.‎

En publiant des rapports de situation quotidiens et en organisant des ‎points presse régulièrement, nous avons tenu l’ensemble du monde ‎informé des dernières données et des derniers éléments recueillis.‎

Nous avons aussi collaboré avec nos partenaires partout dans le ‎monde pour accélérer la recherche-développement de produits de ‎diagnostic, de traitements et de vaccins en mettant en place le ‎Dispositif pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre la COVID-19. ‎

L’OMS continuera de travailler au niveau international sur tous les ‎éléments de la riposte à la pandémie avec les responsables ‎gouvernementaux, le secteur privé, la société civile, le milieu ‎universitaire et les médias pour favoriser la solidarité internationale.‎

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J’aimerais maintenant parler de l’avenir.‎

L’après-pandémie nous offre une occasion unique de bâtir un avenir ‎meilleur : un monde plus équitable, plus sûr et plus résilient.‎

La pandémie nous a montré on ne peut plus clairement que la ‎couverture sanitaire universelle est indispensable à la sécurité ‎sanitaire mondiale collective, et nous devons nous employer à ‎reconstruire des systèmes de santé plus solides, fondés sur les soins de ‎santé primaires.‎

Bien entendu, cela nécessite une volonté politique, des ressources et ‎des compétences techniques.‎

C’est la raison pour laquelle la première priorité de l’OMS est ‎d’apporter un soutien aux pays pour renforcer leurs systèmes de santé ‎afin que tout un chacun, partout, puisse bénéficier des services de ‎santé de qualité dont il a besoin. ‎

Cette crise nous offre aussi l’occasion de renforcer notre capacité ‎collective à faire face aux situations d’urgence et à mieux s’y préparer.‎

Les États Membres se sont réunis à l’Assemblée mondiale de la Santé ‎en mai dernier pour adopter une résolution historique sur la riposte ‎collective à la COVID-19 dans laquelle ils ont réaffirmé le rôle de chef ‎de file que joue l’OMS.‎

Ils ont également demandé dans la résolution une évaluation ‎indépendante et complète de la riposte internationale.‎

Transformer l’OMS et lui donner les outils, les ressources et les ‎compétences nécessaires pour faire face aux problèmes sanitaires les ‎plus urgents dans le monde a été ma première priorité en tant que ‎Directeur général.‎

Et je vous ai parfaitement entendu, Monsieur Le Drian. ‎
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Les questions que vous avez évoquées figurent déjà dans notre ‎programme de transformation. ‎

Nous allons accélérer le mouvement sur ces questions. ‎

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Après la Seconde Guerre mondiale, les responsables politiques ont ‎cherché à réinventer l’avenir et à mettre en place des institutions ‎capables de construire un monde meilleur.‎

J’espère que la crise qui définit notre époque rappellera elle aussi à ‎tous que la meilleure façon d’avancer, la seule façon d’avancer, c’est ‎ensemble.‎

La COVID-19 nous a beaucoup pris. Mais elle nous donne aussi une ‎chance unique de rompre avec le passé pour mieux reconstruire.‎

Qu’il s’agisse de la santé, de l’environnement, des inégalités ou de la ‎paix et de la sécurité, la meilleure chance que nous avons d’apporter ‎un changement positif est de renforcer les institutions multilatérales ‎pour qu’elles soient plus souples et plus réactives face aux multiples ‎difficultés auxquelles nous sommes confrontés. ‎

Je pense que c’est possible, mais seulement si nous construisons ce ‎monde ensemble.‎

Merci beaucoup.‎