Allocution du Directeur général de l’OMS devant les Ministres du commerce du G20

30 mars 2020

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Bonjour et merci de me donner la possibilité de me joindre à vous aujourd’hui.

Selon les chiffres de ce matin, plus de 630 000 cas de COVID-19, dont 30 000 mortels, ont été notifiés dans le monde.

Comme vous le savez, la pandémie a de graves répercussions sur de nombreux aspects de la vie, dont l’économie et le commerce mondiaux.

Mais le commerce est également essentiel pour maîtriser la pandémie de COVID-19.

Pour sauver des vies et atténuer l’impact économique et social de la pandémie, il est crucial de garantir la libre circulation des produits de santé essentiels.

Les interdictions des échanges commerciaux se multiplient. Ceci ralentit la riposte et limite les possibilités pour les pays d’obtenir les articles dont ils ont désespérément besoin : tests de diagnostic, équipements de protection pour les soignants et matériel indispensable, comme les respirateurs.

Les obstacles au commerce récemment érigés, en raison du ralentissement qu’ils entraînent, ont un effet potentiellement catastrophique sur la pandémie de COVID-19 mais aussi sur d’autres maladies et troubles. 

Les pays du G20 sont dans une situation privilégiée pour résoudre ces problèmes.

Vous pouvez prendre plusieurs mesures pour accroître la production, la circulation et la distribution des produits médicaux essentiels.

Premièrement, nous appelons les pays à collaborer avec les entreprises pour augmenter la production de fournitures médicales essentielles destinées au marché national ou à être exportées.

Nous appelons les entreprises et les grossistes à ne pas profiter de la crise actuelle pour augmenter les prix.

À partager leurs connaissances pour élargir la base de production.

Et à envisager de recourir aux licences obligatoires quand les titulaires de brevets ne peuvent pas répondre à la demande à des prix abordables. 

Deuxièmement, les pays doivent garantir la libre circulation des produits de santé essentiels.

Nous appelons tous les pays à laisser les frontières ouvertes et à s’abstenir d’appliquer des politiques susceptibles de perturber les chaînes d’approvisionnement, dont les interdictions d’exportation et la constitution de réserves.

À maintenir les capacités de fret routier, aérien et maritime et à transporter en priorité les équipements médicaux et le personnel médical nécessaires.

À créer des « voies vertes » entre les pays pour les marchandises essentielles. 

Et à simplifier les formalités douanières et d’autorisation de mise sur le marché. 

Troisièmement, les pays doivent garantir l’accès équitable.

L’équité est cruciale. Elle s’applique à l’information, à l’innovation, au matériel et aux fournitures médicaux essentiels, aux médicaments, aux vaccins et aux outils de diagnostic. 

Des essais cliniques de médicaments et de vaccins contre la COVID-19 sont désormais en cours. 

Une fois que des outils efficaces auront été mis au point, il est vital que nous coordonnions collectivement notre action afin d’en assurer la disponibilité à un prix abordable pour que ceux qui en ont le plus besoin y aient accès dès que possible. 

Quatrièmement, nous devons accorder une attention particulière aux pays d’Afrique et aux autres pays à revenu faible. Des mesures restrictives risquent d’avoir un impact négatif sur l’accès des pays d’Afrique aux fournitures médicales essentielles. Nous devons coopérer pour préserver l’accès des pays à revenu faible, y compris en Afrique, aux produits médicaux essentiels.

Cette pandémie nous rappelle que nous avons un destin commun. 

Aucun d’entre nous, aucun de nos systèmes de santé, aucune de nos économies ne fonctionne dans le vide.

Nous sommes interdépendants. Sans solidarité, nous ne pouvons pas gagner.

Tant que la COVID-19 persiste dans un pays, elle constitue une menace pour nous tous.

Je vous remercie.