WHO / Kiana Hayeri
Midwives in training help deliver babies under the supervision of the head midwife, Afghanistan.
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Une nouvelle stratégie permet de réduire considérablement les hémorragies graves après l’accouchement et de sauver des vies

Les résultats d’une étude portant sur un ensemble d’interventions pour la prise en charge de l’hémorragie du post-partum, publiées dans le New England Journal of Medicine, ont montré une réduction de 60 % des hémorragies graves.

9 mai 2023
Actualités départementales

Une nouvelle stratégie, connue sous le nom d’E-MOTIVE, pourrait constituer une avancée majeure dans la réduction des décès dus aux hémorragies liées à l’accouchement, selon une étude qui fera date (en anglais), publiée aujourd’hui par des chercheurs de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de l’Université de Birmingham.

L’hémorragie du post-partum (HPP) – qui se définit par la perte de plus de 500 ml de sang dans les 24 heures suivant l’accouchement – est la principale cause de mortalité maternelle dans le monde. Elle touche, selon les estimations, 14 millions de femmes chaque année et entraîne environ 70 000 décès – principalement dans les pays à revenu faible ou intermédiaire – soit un décès toutes les 6 minutes.

« L’hémorragie du post-partum est effrayante, pas toujours prévisible, mais absolument traitable. Pourtant, ses conséquences dans le monde entier sont tragiques », a déclaré la Dre. Pascale Allotey, Directrice du Département Santé sexuelle et reproductive, et recherche à l’OMS et Cheffe du Programme spécial de recherche, de développement et de formation à la recherche en reproduction humaine (HRP) des Nations Unies. « Aucune femme ne devrait craindre pour sa vie lorsqu’elle met au monde un enfant. Des solutions efficaces pour lutter contre les hémorragies du post-partum doivent être disponibles et accessibles afin que toutes les femmes puissent accoucher en toute sécurité et profiter d’un avenir en bonne santé auprès de leur famille ».

L’étude, à laquelle plus de 200 000 femmes de quatre pays ont participé, a constaté que la mesure objective de la perte de sang à l’aide d’un dispositif de collecte simple et peu coûteux et le fait de regrouper les traitements recommandés par l’OMS (en anglais) – plutôt que de les proposer séquentiellement – entraînaient des améliorations spectaculaires des résultats pour les femmes. Les hémorragies graves – lorsqu’une femme perd plus d’un litre de sang après l’accouchement – ont été réduites de 60 %, ainsi que les risques de décès maternels. 

On a également observé une réduction substantielle du taux de transfusions sanguines du fait des hémorragies, ce qui est particulièrement important dans les pays à faible revenu où le sang est une ressource rare et coûteuse.

À l’heure actuelle, l’un des principaux défis de la réponse à l’hémorragie du post-partum est sa détection souvent trop tardive pour permettre une réaction efficace. La plupart des agents de santé ont recours à l’appréciation visuelle pour évaluer l’hémorragie, une méthode qui tend à sous-estimer les pertes de sang et peut entraîner des retards de traitement potentiellement mortels. Lorsque le traitement est fourni, il est généralement effectué de manière séquentielle avec des intervalles entre chaque intervention – ce qui représente une perte de temps si les premières interventions choisies ne sont pas efficaces.

« Cette nouvelle approche du traitement de l’hémorragie post-partum pourrait radicalement améliorer les chances des femmes de survivre à l’accouchement dans le monde, en les aidant à obtenir le traitement dont elles ont besoin quand elles en ont besoin », a déclaré le professeur Arri Coomarasamy, qui a dirigé l’essai et est codirecteur du Centre collaborateur de l’OMS pour la santé des femmes dans le monde à l’Université de Birmingham. « Le temps joue un rôle essentiel lorsqu’il s’agit de faire face à une hémorragie du post-partum, de sorte que les interventions qui éliminent les retards dans le diagnostic ou le traitement devraient changer la donne pour la santé maternelle. »

L’ensemble d’interventions recommandé, appelé E-MOTIVE, comprend une détection précoce et précise de l’HPP à l’aide d’un dispositif permettant de recueillir les pertes de sang. Celui-ci est complété par une panoplie de traitements immédiats, lorsque cela est indiqué, comprenant un massage utérin, des médicaments favorisant les contractions de l’utérus et l’arrêt des saignements, l’administration de solutions intraveineuses, un examen et, si nécessaire, le passage à des soins avancés. Dans l’essai, l’ensemble d’interventions E-MOTIVE a été soutenu par une stratégie de mise en œuvre comprenant une formation spécifique, l’utilisation de chariots ou de kits pour la prise en charge de l’HPP, la mobilisation de figures locales, des audits et des retours d’information. Toutes les composantes de l’intervention E-MOTIVE peuvent être réalisées par des sages-femmes.

Ce travail de recherche répond à l’une des principales priorités de recherche identifiées par plus de 130 experts de plus de 50 pays lors du premier Sommet mondial sur l’hémorragie du post-partum organisé par l’OMS et le Programme spécial HRP en mars de cette année. Le Sommet a marqué le début d’une initiative mondiale de collaboration dont le but était de réduire considérablement la charge de l’HPP et ses conséquences dans les pays à revenu faible et intermédiaire.

À propos de l’étude

Les principaux résultats de cette étude sont publiés aujourd’hui dans The New England Journal of Medicine. L’essai randomisé en grappes parallèles était un partenariat entre le Centre collaborateur de l’OMS pour la santé des femmes dans le monde de l’Université de Birmingham (Royaume-Uni) et l’OMS, l’étude ayant été menée dans 80 hôpitaux d’Afrique du Sud, du Kenya, du Nigéria et de Tanzanie.

Le projet E-MOTIVE a été soutenu par une subvention de la Fondation Bill & Melinda Gates.

Contacts pour les médias

À l’OMS
Laura Keenan, keenanl@who.int, +4179 500 65 64 et mediainquiries@who.int

The University of Birmingham
Tim Mayo, t.mayo@bham.ac.uk, +44 (0)7920 405 040

Pour en savoir plus sur l’hémorragie du post-partum (en anglais)

Crédit photo : OMS/Kiana Hayeri. Des sages-femmes en formation aident une femme à accoucher sous la supervision de la sage-femme en chef, Afghanistan.