Un nouveau rapport de l’Organisation mondiale de la Santé souligne la nécessité d’intensifier les actions nationales pour atteindre les cibles mondiales adoptées par les gouvernements, afin de protéger les populations des cardiopathies, des cancers, du diabète et des maladies pulmonaires.
À l’échelle mondiale, ces quatre types de maladies non transmissibles (MNT) constituent la plus grande cause de décès chez les personnes de moins de 70 ans et représentent une menace majeure pour le développement durable.
L’enquête mondiale, Assessing national capacity for the prevention and control of noncommunicable diseases [Évaluer les capacités nationales de prévention et de lutte contre les maladies non transmissibles], montre que certains pays font des progrès remarquables. Un certain nombre a pris des mesures pour protéger les populations du tabagisme, de la consommation nocive d’alcool, de la mauvaise alimentation et du manque d’exercice physique. Certains ont créé de nouvelles possibilités de financement pour développer de puissants systèmes de santé publique en taxant les produits du tabac.
«Des pays, y compris parmi les plus pauvres, démontrent qu’on peut progresser et faire baisser la mortalité prématurée due aux MNT. Mais ces progrès, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, sont insuffisants et inégaux», estime le Dr Oleg Chestnov, Sous-Directeur général à l’OMS.
«Si les pays continuent sur cette trajectoire, ils n’auront pas la possibilité d’atteindre tous la cible des objectifs de développement durable consistant à réduire d’un tiers, d’ici 2030, le taux de mortalité prématurée due aux maladies non transmissibles.»
Principaux constats
Le rapport suit les progrès accomplis dans les 4 engagements assortis de délais adoptés en 2014 pour renforcer les capacités des pays à lutter contre les MNT, à savoir des cibles nationales pour la réduction des MNT; l’élaboration de politiques et plans nationaux multisectoriels pour atteindre ces cibles nationales; la baisse de l’exposition aux facteurs exposant les gens à un risque de MNT et le renforcement des systèmes de santé pour lutter contre les MNT.
Jusqu’à présent, 60% des pays ont fixé des cibles assorties de délais pour les indicateurs des MNT et 92% ont intégré les MNT dans les plans nationaux pour la santé. La taxation du tabac est l’intervention fiscale la plus courante avec 87% des pays indiquant qu’ils ont appliqué des droits d’accise ou autres sur le tabac. La taxation sur l’alcool est la deuxième intervention fiscale la plus répandue avec 80% des pays indiquant ce type de mesure. Les troisième et quatrième interventions fiscales les plus répandues sont celles sur les boissons sucrées (18% des pays) et sur les aliments riches en graisse, en sucre ou en sel (8% des pays).
Principales mesures requises:
- Fonds d’amorçage passant par des voies nationales, bilatérales et multilatérales afin de développer les programmes essentiels de lutte contre les maladies non transmissibles et de prévention dans de nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire pour renforcer les capacités en matière de prévention primaire, de dépistage et de surveillance.
- Attention plus grande accordée à la politique dans des secteurs au-delà de celui de la santé et qui ont des répercussions sur les MNT, comme la commercialisation et la distribution des produits nocifs ou malsains.
- Mécanismes de gouvernance multisectorielle plus puissants pour mettre en œuvre la cible 3.4 des Objectifs de développement durable sur les maladies non transmissibles au moyen d’approches impliquant l’ensemble du gouvernement et l’ensemble de la société.
- Opérationnalisation plus étendue des plans nationaux contre les MNT, en particulier ceux destinés à lutter contre l’alimentation malsaine.
- Mise en place plus étendue de systèmes de surveillance pour mener des enquêtes nationales sur les facteurs de risque au moins tous les cinq ans, afin de suivre les cibles et les indicateurs, de même que les progrès.
- Veiller à ce que les systèmes de santé puissent répondre aux besoins de soins des personnes atteintes de MNT en dispensant les services de base comme la détection, le traitement et le soin de ceux qui ont un cancer. Les programmes de dépistage du cancer doivent devenir plus systématiques et couvrir davantage de personnes qui en ont besoin.
- Amélioration de l’accès aux soins palliatifs dans le système de santé publique pour les personnes aux derniers stades des MNT, en particulier dans le cadre des soins de santé primaires ou des soins dans la communauté ou à domicile.
Notes pour les rédactions
En 2012, 38 millions de personnes ont perdu la vie à cause des MNT, 16 millions d’entre elles, soit 42%, ont perdu la vie prématurément – avant 70 ans – à cause de maladies qui auraient pu être en grande partie évitées. Plus de 80% des personnes décédées prématurément d’une MNT étaient dans les pays en développement.
Le processus des Nations Unies dans la lutte contre les maladies non transmissibles
La première réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies sur les MNT a eu lieu en 2011 et a abouti à l’adoption d’une déclaration politique mettant la prévention et la maîtrise des MNT en bonne place dans le programme de développement. La seconde réunion de haut niveau s’est tenue en 2014; au cours de celle-ci, les pays se sont engagés à fixer des cibles nationales sur les MNT en 2015.
En 2018, l’Assemblée générale des Nations Unies convoquera une troisième réunion de haut niveau, afin de faire le bilan des progrès nationaux pour atteindre les cibles mondiales volontaires d’ici 2025. Une cible sur les MNT a également été incluse dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, à savoir réduire de 30% le taux de mortalité prématurée due aux MNT d’ici à 2030.