L’OMS et ses partenaires ont mené lundi une nouvelle mission à haut risque pour réapprovisionner en carburant l’hôpital Al-Shifa, au nord de Gaza, où des centaines de milliers de personnes sont toujours privées d’aide. Dans toute la bande de Gaza, la situation des quelques hôpitaux encore opérationnels, déjà très difficile, continue de s’aggraver : les hostilités entravent l’accès des patients et l’acheminement des fournitures et les agents de santé s’efforcent de faire leur travail malgré le manque de repos et l’insuffisance des ressources.
Cette mission a été menée en collaboration avec le Bureau de la coordination des affaires humanitaires, le Département de la sûreté et de la sécurité du Secrétariat de l’ONU et Médecins Sans Frontières.
La dernière mission humanitaire dans le nord de Gaza a eu lieu le 12 janvier.
La mission menée hier, qui a permis de livrer 19 000 litres de carburant à l’hôpital Al-Shifa, a été perturbée par le temps d’attente au poste de contrôle. L’état des routes menant à l’hôpital était également fortement dégradé. De plus, des milliers de civils ont encerclé les véhicules des Nations Unies et le camion-citerne dans l’espoir de trouver de la nourriture et de l’eau, témoignant du désespoir qui règne dans le nord de Gaza – ce qui a encore retardé la mission.
À l’hôpital Al-Shifa, la mission a constaté que le fonctionnement de la structure s’était amélioré depuis sa dernière visite il y a dix jours. Une forte diminution du nombre de personnes déplacées, qui est passé de 40 000 à 10 000, a été observée. On compte 120 personnels de santé et d’aide à la personne et 300 patients. L’hôpital réalise 5 à 10 interventions chirurgicales chaque jour, principalement pour des traumatismes nécessitant des soins immédiats.
Les services essentiels tels que les installations de laboratoire et de radiologie de base restent opérationnels, de même que les soins d’urgence, un service de chirurgie avec trois blocs opératoires, les soins postopératoires et une unité de dialyse. Une unité de soins intensifs de 9 lits devrait rouvrir au cours des prochains jours.
Il n’y a pas de maternité ni de services pédiatriques et des pénuries de spécialistes, de médicaments et de fournitures médicales (notamment de matériel orthopédique) sont constatées. Ces unités pourraient recommencer à fonctionner, mais elles devront bénéficier d’un approvisionnement constant en carburant, en oxygène, en fournitures médicales et en autres formes d’aide.
Le principal générateur d’oxygène de l’hôpital a été détruit et il faut désormais compter sur un système de taille plus modeste.
Sept des 24 hôpitaux que compte le nord de Gaza restent ouverts. Ils ne sont que partiellement opérationnels : leur personnel médical n’est pas assez nombreux pour prendre en charge l’ensemble des blessés, qui souffrent de traumatismes très divers, et ils ne disposent pas de suffisamment de médicaments, de fournitures médicales, de carburant, d’eau propre ni d’aliments pour les patients ni pour le personnel. En outre, dans le nord de Gaza, deux centres de santé primaires du Ministère de la santé sont partiellement opérationnels, mais manquent de fournitures essentielles, notamment les seringues et les vaccins nécessaires pour les vaccinations de routine.
L’intensification de la présence militaire et des hostilités dans le sud de Gaza met également en danger les patients et le personnel de santé et complique l’accès aux soins. Elle entrave fortement les déplacements des agents de santé et des ambulances et empêche les partenaires du secteur de la santé de réapprovisionner les hôpitaux, qui ne peuvent plus fonctionner correctement. D’après le personnel de l’OMS, la situation des hôpitaux de Khan Younis est « catastrophique, indescriptible ».
Dans le sud de Gaza, seuls sept hôpitaux sur 12 sont encore partiellement opérationnels. Deux autres, l’hôpital Al-Kheir et le complexe médical Nasser, fonctionnent à régime minimal et sont désormais inaccessibles.
L’OMS est vivement préoccupée par les informations faisant état d’incursions militaires à l’hôpital Al-Kheir, un petit établissement d’une trentaine de lits géré par une ONG, et de la détention de plusieurs de ses soignants. Aucune communication avec l’hôpital n’est plus possible.
En raison des ordres d’évacuation dans les quartiers qui entourent le complexe médical Nasser – le plus grand hôpital du sud – et des hostilités constantes à proximité de celui-ci, le Ministère de la santé indique qu’un grand nombre de blessés se trouvent dans l’enceinte de l’établissement.
Une équipe médicale internationale d’urgence déployée à Nasser a déclaré que personne ne pouvait entrer ni sortir de cet établissement en raison des bombardements en cours à proximité.
Du fait du grand nombre de décès attendus et de la nécessité de gérer les dépouilles, le personnel de santé serait en train de creuser des tombes dans l’enceinte de la structure. Jamais un hôpital ne devrait avoir à connaître cette situation atroce.
Les hostilités autour de l’hôpital Al-Amal risquent de rendre l’établissement inopérant, car, d’après les informations disponibles, les ambulances et les blessés ne peuvent pas y accéder.
L’OMS appelle de nouveau à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, à protéger les civils et les services de santé et à assurer un accès durable pour acheminer l’aide vitale dans toute la bande.
Remarque : La référence faite à un partenaire a été supprimée, à sa demande.