WHO/L. Mackenzie
Changing working environments can bring opportunities. Attention must also, however, be paid to the mental well-being of employees.
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La santé mentale au travail

22 janvier 2019

Pendant une grande partie de notre vie d’adulte, nous passons un temps considérable au travail. Ces dernières années, nos environnements professionnels ont changé à un point qu’il aurait été difficile d’imaginer il y a une génération. Grâce aux nouvelles technologies de la communication et à l’accès de plus en plus large à Internet, on peut travailler hors de son lieu de travail à presque n’importe quelle heure du jour ou de la nuit; la concurrence de plus en plus forte partout dans le monde oblige à faire des économies et à être plus productif; et il est courant aujourd’hui de changer d’employeur, voire de branche.

L’évolution du milieu de travail offre incontestablement de nouvelles possibilités, sur les plans du perfectionnement professionnel, du réseautage et de l’innovation. Mais si le cadre de travail ne tient pas compte du bien-être mental des travailleurs, l’ampleur et la rapidité des changements risquent d’avoir des effets néfastes – problèmes de santé physique et mentale, usage nocif de l’alcool ou d’autres substances, absentéisme et baisse de la productivité. On estime ainsi que la perte de productivité imputable à la dépression et à l’anxiété, deux des troubles mentaux les plus courants, coûte chaque année US $1 billion à l’économie mondiale.

De nombreux facteurs influent sur la santé mentale des employés. Au nombre des problèmes structurels figurent de mauvaises pratiques de communication et de gestion, une participation limitée à la prise de décisions, des horaires de travail prolongés ou rigides et le manque de cohésion d’équipe. Les brimades et le harcèlement psychologique sont des causes bien connues de stress professionnel et de problèmes de santé mentale apparentés. Les milieux de travail où il faut prendre des décisions rapides et vitales, comme le doivent par exemple les secouristes dans les situations d’urgence, présentent aussi des difficultés particulières.

Heureusement, il est de plus en plus admis que le bien-être mental des employés a une influence positive sur les résultats de l’organisme employeur et sur la santé, l’épanouissement professionnel et la qualité de vie des employés.

Un travail remarquable a déjà été accompli pour orienter les efforts dans la bonne direction. Le Forum économique mondial a réuni des experts du monde de l’entreprise, du milieu universitaire et du secteur de la santé mentale pour élaborer un guide en sept points devant aider à garantir la santé mentale en milieu professionnel, et l’organisation britannique Time to Change collabore actuellement avec plus de 800 employeurs pour changer la manière dont la question de la santé mentale au travail est abordée. Ce sont deux exemples parmi d’autres qui illustrent l’importance de plus en plus grande accordée à la santé mentale dans de nombreux pans de l’existence.

Il manque cependant des lignes directrices de portée mondiale qui aideraient les organismes patrons, quel que soit le niveau de revenu du pays, à fonder les programmes et les mesures qu’ils mettent en place sur les meilleurs éléments d’appréciation disponibles concernant la santé mentale des employés. C’est là qu’intervient l’Organisation mondiale de la Santé. En 2019, nous entendons commencer à mettre au point des lignes directrices sur la santé mentale au travail, en proche collaboration avec le Wellcome Trust, l’Organisation internationale du travail et les organisations qui ont déjà une vaste expérience dans ce domaine. Ces lignes directrices porteront sur les mesures nécessaires pour prévenir, prendre en charge et maîtriser les affections mentales. Je ne doute pas que cette nouvelle initiative en faveur du bien-être au travail marquera un progrès important pour permettre à tous, partout, de jouir d’une meilleure santé mentale au travail.

Auteurs

Dévora Kestel

Directeur
Santé mentale et abus de substances psychoactives
Organisation mondiale de la Santé

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