Réduisons la vitesse pour sauver des vies

Dr Margaret Chan, Directeur général de l’OMS, et Michael R. Bloomberg, Ambassadeur mondial de l’OMS pour les maladies non transmissibles (MNT)

9 mai 2017

Nous pouvons sauver tellement de vies dans le monde entier rien qu’en ralentissant. Chaque année, plus de 1,25 million de personnes, dont nombre de jeunes, meurent dans des accidents de la route. On aurait pu éviter un grand nombre de ces décès dus, pour un tiers d'entre eux, à des véhicules roulant trop vite. Cette proportion s’approche de la moitié dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. 

Où que l’on vive, la vitesse pose un problème mortel. Des études montrent que, sur la plupart des routes et dans la plupart des pays, 40 à 50% des véhicules roulent au dessus de la vitesse autorisée. L’excès de vitesse ou le respect de la limitation peut faire la différence entre la vie et la mort. Par exemple, lorsqu’un piéton est heurté par un véhicule circulant à 80 km/h, il a un risque 3 fois plus élevé de mourir que si le choc se produit à environ 50 km/h.

Cela signifie qu’en fixant les limitations de vitesse en milieu urbain à 50 km/h ou moins, et en permettant aux autorités locales de réduire davantage les limitations autour des écoles et dans d’autres zones très fréquentées par les piétons, on pourrait sauver de nombreuses vies. Il est encourageant de voir que 47 pays dans le monde appliquent déjà ces pratiques de bon sens. Mais il nous faut faire beaucoup plus pour étendre la portée de ces mesures et veiller à ce qu’elles soient adoptées par plus de gouvernements.

Le succès d'une approche globale

On ne sera pas étonné de voir que les pays ayant adopté une approche globale pour la sécurité routière, à l’instar des Pays Bas, du Royaume Uni ou de la Suisse, ont rencontré le plus grand succès pour réduire le nombre des blessés et des morts dus aux accidents de la route. Ces pays ont eu pour priorité de diminuer la fréquence des excès de vitesse et ils ont pris des mesures pour améliorer la sécurité des routes, des véhicules, des conducteurs et de tous les usagers de la route, piétons et cyclistes compris.

Par exemple, les pays ayant une démarche préventive ont construit leurs routes en y intégrant des éléments pour ralentir la circulation, comme des ronds points. Ils ont également fixé des limitations de vitesse adaptées aux conditions locales, tout en intensifiant les contrôles pour lutter contre les infractions au code de la route. Et ils ont commencé à exiger que les nouvelles voitures soient équipées des technologies de sécurité, telles que le freinage d’urgence autonome.

Des rues plus sûres, des villes plus saines

Les responsables municipaux dans le monde entier, d’Addis Abeba à Mumbai ou Bangkok, ont joué un rôle crucial dans l’application de ces mesures qui, en plus de sauver des vies, rendent les villes plus saines à de nombreux égards. Avec des rues plus sûres, davantage de personnes sont incitées à marcher ou à prendre leur vélo, ce qui aide à réduire la pollution de l’air qu’on a associé aux maladies respiratoires chroniques, au cancer et à d’autres maladies non transmissibles.

Pour développer ces progrès, Bloomberg Philanthropies, l’Organisation mondiale de la Santé et d’autres partenaires collaborent avec les responsables municipaux pour les aider à collecter les données nécessaires permettant d’identifier plus efficacement les domaines dans lesquels se situent les problèmes. Ils peuvent alors orienter leurs ressources limitées pour obtenir les plus grandes améliorations. Nous apportons également une aide aux autorités locales pour organiser des campagnes de sensibilisation du grand public qui contribuent à mobiliser le soutien de la base en faveur d’une nouvelle législation sur la sécurité routière et de l’alourdissement des sanctions.

Améliorer la sécurité routière est l’une de nos meilleures chances de sauver des vies dans le monde entier. La bonne nouvelle, c’est que nous savons déjà comment faire en commençant par les solutions que nous venons de décrire. 

La quatrième Semaine mondiale des Nations Unies pour la sécurité routière, du 8 au 14 mai 2017, est l’occasion d’attirer l’attention sur ces solutions. Durant cette semaine, des événements locaux sont organisés dans les villes du monde pour aider à sensibiliser aux problèmes et présenter plus de solutions. Ces événements sont de nature très variée: ralentissement de la circulation dans les rues, campagnes dans de nombreuses écoles, tables rondes pour examiner comment nous pouvons veiller à ce que les politiques judicieuses continuent de s’étendre.

Tous ces événements et initiatives réuniront des dirigeants locaux et nationaux des gouvernements, de la société civile, du monde des entreprises, des services d’application des lois et d’autres secteurs. Pour en savoir plus sur les événements de la semaine et sur les mesures que les communautés peuvent prendre pour réduire la vitesse, nous invitons les lecteurs à visiter le site Web sur la Semaine pour la sécurité routière.

Il est possible et tout à fait à notre portée de vivre dans un monde dans lequel les accidents de la route font moins de morts. Il ne tient qu’à nous d’en faire une réalité.


 

Auteurs

Dr Margaret Chan

Ancien directeur général
OMS

Michael R Bloomberg

Ambassadeur mondial de l’OMS pour les maladies non transmissibles (MNT)
OMS

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