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A cat with an open sore on its ear due to sporotrichosis.
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Sporotrichose

15 novembre 2023

Principaux faits

  • La sporotrichose est une infection sous-cutanée causée par différentes espèces du champignon Sporothrix.
  • Les infections surviennent sporadiquement dans les pays tropicaux et subtropicaux. Dans certaines zones, la maladie est hyperendémique et on en compte entre 25 et 100 cas pour 100 000 habitants.
  • Une espèce de ce champignon, Sporothrix brasiliensis, provoque des infections zoonotiques transmises par les chats. Dans les zones touchées par cette espèce en Amérique du Sud, principalement au Brésil, plus de 11 000 cas humains ont été signalés au cours des 10 dernières années.
  • Bien que la sporotrichose soit principalement une infection de la peau et de l’hypoderme, elle peut se propager au reste de l’organisme et, dans de rares cas, provoquer une méningite, de l’arthrite et une infection respiratoire. Chez certains patients, en particulier ceux vivant avec le VIH, les lésions cutanées peuvent être très étendues.
  • Le diagnostic de la sporotrichose repose sur l’examen microscopique, l’histopathologie ou la mise en culture. Des outils de diagnostic moléculaire sont en cours de mise au point, mais ne sont pas largement disponibles.
  • La sporotrichose peut être traitée facilement et efficacement.

 

Vue d’ensemble

La sporotrichose est généralement une infection sporadique observée sous les climats tropicaux et subtropicaux. Elle est due à différents champignons du genre Sporothrix, notamment S. schenckii, S. globose, S. mexicana et S. brasiliensis. Ces champignons sont naturellement présents sur les matières végétales. Ils infectent l’être humain par des effractions cutanées et envahissent la peau en profondeur. S. brasiliensis infecte les chats et d’autres mammifères, qui peuvent le transmettre à l’être humain, ce qui a entraîné une épidémie importante s’étendant progressivement au Brésil et dans plusieurs pays voisins d’Amérique du Sud. La sporotrichose provoque des lésions cutanées douloureuses et disgracieuses ainsi qu’une stigmatisation sociale. Des flambées de sporotrichose ont également été signalées en Chine à la suite d’inondations. Il existe des zones localisées d’hyperendémicité en Afrique du Sud, au Guatemala, au Mexique et au Pérou. En Afrique du Sud, une épidémie de sporotrichose a touché des mineurs en contact avec des étais en bois contaminés. Des médicaments antifongiques tels que l’itraconazole et la terbinafine permettent de traiter la sporotrichose.

Ampleur du problème

La sporotrichose est une infection fongique sous-cutanée observée sous les climats tropicaux et subtropicaux, bien que des cas sporadiques puissent survenir sous des climats plus tempérés. C’est en Amérique centrale et du Sud (en particulier au Brésil), dans le sud des États-Unis, en Afrique, en Chine et en Asie du Sud-Est que l’on trouve le plus grand nombre de cas. Dans certaines régions, il y a des foyers épidémiques associés à du bois contaminé, par exemple à des matériaux utilisés dans les mines, ou à des inondations, mais la cause des épidémies dans une région est souvent inconnue.

Quelles sont les personnes à risque ?

 La sporotrichose touche des personnes par ailleurs en bonne santé, souvent celles qui travaillent dans l’agriculture ou avec des plantes ou des matières végétales, telles que de la paille d’emballage ou du chaume. Elle touche également les personnes exposées au champignon lors d’activités de loisirs en plein air associées à des abrasions cutanées. Le contact avec des chats domestiques ou sauvages, en particulier parmi les vétérinaires et les autres personnes qui s’occupent de chats, peut également entraîner une infection dans certaines régions.

Signes et symptômes

 La sporotrichose se manifeste le plus souvent par des nodules et des plaques sur la peau exposée, par exemple celle du visage, des jambes ou des bras. Ces nodules peuvent n’être présents qu’à un seul endroit (forme cutanée fixe). Ils peuvent aussi être disposés en ligne le long du parcours des vaisseaux lymphatiques (forme lymphocutanée). On parle alors de propagation sporotrichoïde. Cette forme est caractéristique de la sporotrichose, mais d’autres maladies tropicales négligées, telles que la leishmaniose cutanée, peuvent donner un tableau clinique similaire. Les nodules et les plaques peuvent s’ulcérer. La sporotrichose peut également toucher les muqueuses (buccale, oculaire ou autres).

Lorsqu’on contracte une infection transmise par les chats, d’autres éruptions cutanées peuvent apparaître en raison de la réaction du système immunitaire. Cette réaction peut provoquer des taches rouges sur la peau (érythème polymorphe). Dans certains cas, l’éruption cutanée peut être plus étendue, trois lésions ou plus apparaissant sur différentes parties de la peau. Dans de rares cas, des formes profondes de sporotrichose peuvent survenir et entraîner de l’arthrite, une infection respiratoire voire une méningite.

Transmission

Il existe deux façons de contracter la sporotrichose cutanée, par inoculation traumatique des champignons à travers la peau. On peut contracter la maladie par contact avec des débris végétaux (forme classique) ou en cas de transmission par un animal (forme zoonotique). Les griffures de chats sont un mode de transmission courant, mais le champignon peut également pénétrer par une plaie ou une éraflure cutanée. La transmission par contact avec de l’exsudat (liquide suintant) provenant de chats infectés a également été rapportée. La forme zoonotique de la maladie est préoccupante du point de vue de la santé publique, car l’épidémie se poursuit et se propage en Amérique du Sud.

Traitement

L’infection répond à la prise d’itraconazole ou de terbinafine par voie orale. Des solutions saturées d’iodure de potassium prises par voie orale ont également été utilisées, mais leur préparation nécessite des compétences en pharmacie. Pour les formes systémiques rares de sporotrichose, on peut administrer de l’amphotéricine B par voie intraveineuse.

Prévention et lutte

Il n’existe pas de mesures préventives reconnues, à l’exception du repérage précoce et du traitement des chats infectés. Le port de gants, de vêtements de protection et de chaussures lors de la manipulation des roses, du foin et de la sphaigne permet de réduire les infections.

Difficultés

Le diagnostic repose sur la mise en évidence des cellules fongiques caractéristiques dans les produits de raclage ou les curetages des lésions, ou les tissus de biopsie. Dans de nombreux cas, il y a peu d’organismes visibles dans les lésions et la mise en culture ou les méthodes moléculaires sont alors plus utiles pour confirmer le diagnostic. Ces techniques supposent toutes la mise en œuvre de compétences de diagnostic en laboratoire et une formation appropriée du personnel.

Le coût des médicaments pour les patients qui disposent de peu de ressources est également un problème pour mener le traitement à son terme. Traiter les chats pendant des mois pour endiguer la propagation zoonotique est souvent trop coûteux pour les patients.

Impact mondial

La sporotrichose est une maladie invalidante qui réduit les interactions sociales. Les infections à S. brasiliensis transmis par les chats nécessitent souvent un traitement plus long, de l’ordre trois à quatre mois. La lutte contre ce variant nécessite également une collaboration entre les équipes médicales et vétérinaires. L’association de certaines flambées de sporotrichose avec des phénomènes météorologiques entraînant des inondations semble indiquer que les changements climatiques pourraient avoir une incidence sur l’apparition de cette mycose.

Action de l’OMS

La sporotrichose est répertoriée par l’OMS parmi les maladies tropicales négligées (MTN) (en anglais) et fait partie du programme évolutif de lutte contre les MTN cutanées. Les principaux travaux consistent à élaborer des données détaillées sur la prévalence par le biais de la cartographie, de la recherche de nouveaux tests de diagnostic rapide disponibles sur le lieu des soins et de la recherche de nouveaux médicaments. La sporotrichose est également abordée dans le matériel de formation de l’OMS concernant les MTN cutanées (cours en ligne (en cours), manuel de formation et application mobile, en anglais). La lutte contre l’épidémie de sporotrichose associée aux chats en Amérique du Sud est une priorité de santé publique.