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Dr Gaya Gamhewage, WHO Director for the Prevention and Response to Sexual Misconduct, participates in the Survivor Fashion Show organized by Rise during New York’s Fashion Week, September 2023.
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Inconduite sexuelle : les victimes et personnes survivantes prennent les devants pour retrouver la capacité d’agir, faire entendre leurs voix et guérir

6 octobre 2023
Actualités départementales

« Qu’est-ce que tu portais ? » Selon la personne à qui elle s’adresse, cette question peut être source de fierté ou de honte. Lorsqu’on la pose à un mannequin, il s’agit de souligner l’identité et l’individualité ; lorsqu’on la pose à des victimes d’agression sexuelle et personnes survivantes, elle entraîne de la culpabilité et de la honte – honte d’avoir été trop provocantes. Pour mettre en lumière ce problème, des victimes et personnes survivantes ont occupé le devant de la scène lors de la Fashion Week de New York en septembre. La Dre Gaya Gamhewage, Directrice du Département Prévention et lutte contre l’inconduite sexuelle de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a été invitée à participer au défilé #WalkwithSurvivors.

Le défilé #WalkwithSurvivors fait partie du Survivor Fashion Show organisé par Rise, une organisation à but non lucratif fondée par l’activiste et survivante Amanda Nguyen. Le défilé de cette année visait à « mettre en lumière les droits des personnes survivantes et à honorer celles et ceux qui les défendent dans le monde entier ». Pour la Dre Gamhewage, participer à cet événement était lourd de sens sur le plan personnel. « Je dirige les travaux menés dans ce domaine à l’OMS, mais moi aussi je suis une survivante d’actes de violence et de harcèlement sexuels », fait-elle savoir. « Le reconnaître, cela m’apporte un sentiment de puissance. Et j’ai aussi ressenti un sentiment de solidarité lorsque nous – victimes et personnes survivantes – avons défilé ensemble, la tête haute, de l’ombre vers la lumière. C’était un moment unique, émouvant et doux-amer pour moi. »

Les autres mannequins venaient de tous horizons ; il y avait notamment plusieurs femmes astronautes, pionnières dans leur domaine, ainsi que d’autres femmes fortes et accomplies. La diversité des personnes survivantes montre que la violence sexuelle peut toucher n’importe qui, indépendamment de l’identité, du lieu de vie ou du milieu. « Il n’existe pas de profil type de la personne survivante », explique la Dre Gamhewage. « Tout le monde est à risque, à moins que nous reconnaissions le problème de l’inconduite sexuelle et que nous nous y attaquions franchement. Nous avons spécifiquement et constamment le devoir de protéger tous les lieux de travail contre l’inconduite sexuelle et de veiller à ce que les membres de notre personnel ne commettent pas de tels actes. »

La Dre Gamhewage a été invitée à défiler pendant la Fashion Week de New York en reconnaissance des efforts déployés par l’OMS, sous la direction de son Directeur général, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, pour faire évoluer l’Organisation vers une approche centrée sur les victimes et les personnes survivantes. Cette approche est l’un des quatre piliers centraux de la stratégie triennale de l’OMS visant à prévenir et combattre l’inconduite sexuelle (2023-2025).

L’OMS a déjà commencé à institutionnaliser son approche centrée sur les victimes et les personnes survivantes en l’intégrant dans ses travaux politiques visant à prévenir et combattre l’inconduite sexuelle. Cela suppose de créer un environnement où les besoins et la capacité d’agir des victimes et des personnes survivantes sont au cœur de toute action entreprise en leur nom, et où leurs voix sont entendues et intégrées dans les politiques et pratiques internes de l’OMS, mais aussi au-delà. 

En appliquant une approche à l’échelle du système, l’OMS coordonne ses efforts avec ceux d’autres institutions des Nations Unies et plaide en faveur des victimes et des personnes survivantes aux côtés de leaders comme Jane Connors, la Défenseuse des droits des victimes pour les Nations Unies. Mme Connors, qui était également présente au défilé #WalkwithSurvivors, a souligné la responsabilité qui incombe aux organisations internationales de veiller à ce que les victimes et les personnes survivantes soient traitées avec respect et que « leurs droits et leur dignité soient reconnus ». Elle a exhorté les victimes « à se manifester, à prendre la parole et à nous dire comment nous pouvons améliorer les choses ».

Il reste de nombreux obstacles à surmonter pour pouvoir lutter efficacement contre les agressions sexuelles et l’inconduite sexuelle. Selon Amanda Nguyen, fondatrice de Rise, « les personnes survivantes sont très stigmatisées après avoir subi des actes de violence ». La culpabilité et la honte sont l’une des principales raisons pour lesquelles les victimes et les personnes survivantes ne se manifestent pas pour signaler les actes subis. Mais les organisations de la société civile comme Rise et les organisations internationales comme l’OMS et l’ONU les écoutent et gagnent du terrain.

S’agissant des travaux de l’OMS en cours, la Dre Gamhewage aborde la lutte contre l’inconduite sexuelle et le changement de mentalité avec humilité et réalisme. « L’OMS est encore en période d’apprentissage ; nous n’en sommes qu’au début du processus », explique-t-elle. Selon elle, si l’on veut progresser, il est essentiel de reconnaître que le processus est entièrement axé sur les gens et que « les personnes qu’il faut le plus soutenir sont les victimes et les personnes survivantes. »

À la fin du défilé #WalkwithSurvivors, la Dre Gamhewage s’est adressée aux victimes et aux personnes survivantes : « S’il vous plaît, prenez la parole ; prenez la parole quand vous serez prêtes et prêts à le faire et sachez que nous vous écouterons. »