L’OMS a confirmé que le Bénin et le Mali avaient éliminé le trachome en tant que problème de santé publique, ce qui en fait les cinquième et sixième pays de la Région africaine de l’OMS à franchir cette étape importante. Les pays dont l’OMS a déjà confirmé qu’ils avaient éliminé le trachome sont le Ghana (juin 2018), la Gambie (avril 2021), le Togo (mai 2022) et le Malawi (septembre 2022).
« L’OMS félicite les autorités sanitaires du Bénin et du Mali et leur réseau de partenaires mondiaux et locaux d’avoir franchi ce cap important », a déclaré le Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS. « Après le succès du Bénin et du Mali, le trachome reste endémique dans 23 pays de la Région africaine de l’OMS, ce qui nous rapproche un peu plus de l’objectif d’élimination du trachome fixé dans la feuille de route pour les maladies tropicales négligées 2021-2030. »
À l’échelle mondiale, le Bénin et le Mali viennent s’ajouter aux 15 autres pays où l’OMS a confirmé que le trachome avait été éliminé en tant que problème de santé publique. Il s’agit de l’Arabie saoudite, du Cambodge, de la Chine, de la Gambie, du Ghana, du Malawi, du Maroc, du Mexique, du Myanmar, du Népal, d’Oman, de la République démocratique populaire lao, de la République islamique d’Iran, du Togo et de Vanuatu.
Élimination du trachome grâce à la stratégie CHANCE de l’OMS
Le Bénin et le Mali ont tous deux appliqué la stratégie CHANCE recommandée par l’OMS pour éliminer le trachome avec le soutien de celle-ci et de ses partenaires. Les éléments qui composent la stratégie CHANCE sont la chirurgie pour traiter les complications tardives du trachome, un traitement antibiotique pour éliminer l’infection, le nettoyage du visage et l’amélioration de l’environnement, en particulier un accès facilité à l’eau potable et à l’assainissement, pour réduire la transmission. Dans le cadre de l’Initiative internationale contre le trachome, Pfizer fait des dons d’azithromycine, un antibiotique, aux programmes d’élimination de la maladie qui appliquent la stratégie CHANCE.
Le Bénin a regroupé les interventions d’élimination du trachome avec celles visant d’autres maladies tropicales négligées (MTN), sous l’égide du Programme national de lutte contre les maladies transmissibles. Le trachome est la troisième MTN à être éliminée au Bénin, après la dracunculose (en 2009) et la trypanosomiase humaine africaine à T. b. gambiense (en 2021).
Le Mali a enquêté sur l’impact du trachome et la surveillance et mis en place des interventions pour atteindre les objectifs d’élimination, malgré les problèmes de sécurité dans les régions du nord du pays et les bouleversements sociopolitiques de ces dernières années. Le trachome est la première MTN à être éliminée au Mali, qui vient ainsi s’ajouter aux 47 pays dans le monde à avoir éliminé au moins une MTN.
« Ce sont des résultats remarquables pour la santé publique », a déclaré le Dr Ibrahima Socé Fall, Directeur du Programme mondial OMS de lutte contre les MTN. « Le Bénin et le Mali montrent comment allier une forte volonté politique, l’intégration intersectorielle, la surveillance et la mobilisation communautaire pour parvenir à éliminer la maladie. »
Des progrès notables ont été réalisés dans la lutte contre le trachome ces dernières années. Le nombre de personnes ayant besoin d’un traitement antibiotique contre le trachome dans la Région africaine de l’OMS a diminué de 84 millions, passant de 189 millions en 2014 à 105 millions en juin 2022.
Note aux rédacteurs
Le trachome reste un problème de santé publique dans 41 pays (à la date de juin 2022) et on estime qu’environ 125 millions de personnes vivent dans des zones où il faut intervenir contre la maladie. Le trachome sévit principalement dans les régions les plus pauvres et les plus rurales d’Afrique, d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud, d’Asie, du Pacifique occidental et du Moyen-Orient. La Région africaine de l’OMS est de loin la plus touchée par le trachome : 105 millions de personnes vivent dans des zones à risque, ce qui représente 84 % de la charge mondiale du trachome.
Le trachome est la principale cause de cécité d’origine infectieuse dans le monde. Il s’agit d’une maladie infectieuse de l’œil due à une bactérie, Chlamydia trachomatis. L’infection se transmet d’une personne à l’autre par les doigts, par des vecteurs passifs et par des mouches qui ont été en contact avec l’écoulement oculaire ou nasal de personnes infectées. Les facteurs de risque environnementaux de transmission du trachome comprennent une mauvaise hygiène, le surpeuplement des logements, un accès insuffisant à l’eau ou l’utilisation d’installations sanitaires inadéquates.
En 1996, l’OMS a créé l’Alliance pour l’élimination mondiale du trachome d’ici 2020 (GET2020). Avec d’autres partenaires au sein de l’Alliance, l’OMS soutient les pays dans la mise en œuvre de la stratégie CHANCE et concourt au renforcement des capacités nationales par l’évaluation épidémiologique, le suivi, la surveillance, l’évaluation des projets et la mobilisation de ressources, contribuant ainsi à l’élimination du trachome en tant que problème de santé publique. La feuille de route, approuvée par l’Assemblée mondiale de la Santé en 2020 dans sa décision 73(33), fixe l’année 2030 comme nouvelle date cible pour l’élimination mondiale de la maladie.