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Buruli ulcer from a difficult past to a hopeful future
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Ulcère de Buruli (infection à Mycobacterium ulcerans)

12 janvier 2023

Principaux faits

  • L’ulcère de Buruli est une maladie chronique débilitante causée par une bactérie présente dans l’environnement, Mycobacterium ulcerans.
  • L’ulcère de Buruli a été signalé dans au moins 33 pays situés dans des régions au climat tropical, subtropical ou tempéré d’Afrique, d’Amérique du Sud et du Pacifique occidental.
  • La maladie touche souvent la peau, et parfois les os, et peut entraîner des déformations permanentes et des handicaps à long terme.
  • Le mode de transmission de la maladie n’est pas connu et il n’existe aucun moyen de la prévenir.


Vue d’ensemble

L’ulcère de Buruli est causé par une bactérie appelée Mycobacterium ulcerans. La bactérie produit une toxine qui cause les dommages cutanés. En l’absence de traitement précoce, l’ulcère de Buruli peut entraîner des handicaps à long terme. Le germe responsable de l’ulcère de Buruli appartient à la même famille que ceux qui causent la tuberculose et la lèpre. Le mode de transmission de l’ulcère de Buruli à partir de l’environnement n’est toujours pas connu avec certitude.

Ampleur du problème

L’ulcère de Buruli a été signalé dans 33 pays d’Afrique, des Amériques, d’Asie et du Pacifique occidental. À l’exception de l’Australie et du Japon, la plupart des cas surviennent dans des régions tropicales et subtropicales. Sur les 33 pays concernés, 14 communiquent régulièrement des données sur la maladie à l’OMS.

Jusqu’en 2010, le nombre de cas suspects d’ulcère de Buruli notifiés chaque année dans le monde était de l’ordre de 5000. Il a ensuite régressé jusqu’en 2016, année où 1961 cas ont été signalés, soit le niveau le plus faible jamais enregistré. Par la suite, le nombre de cas a de nouveau augmenté chaque année pour atteindre 2713 cas en 2018. Depuis, le nombre de cas a diminué en 2019 (2271) ; 2020 (1458) et 2021 (1370). Les baisses observées en 2020 et 2021 pourraient être attribuables aux effets de la COVID-19 sur les activités de détection active des cas.

Transmission

On ignore encore le mode exact de transmission de Mycobacterium ulcerans.

Signes et symptômes

Initialement, l’ulcère de Buruli se manifeste souvent par une tuméfaction indolore (nodule), une large zone d’induration indolore (plaque) ou un œdème diffus et indolore des jambes, des bras ou du visage. La maladie peut progresser sans apparition de douleur ou de fièvre. En l’absence de traitement, ou parfois au cours de l’antibiothérapie, le nodule, la plaque ou l’œdème s’ulcère en quatre semaines. Il arrive que l’os soit touché, ce qui entraîne des déformations.

La maladie est classée en trois catégories selon sa gravité : la catégorie I, caractérisée par la présence d’une seule lésion de petite taille de moins de 5 cm de diamètre (32 %) ; la catégorie II, caractérisée par une plaque non ulcéreuse ou ulcéreuse, ou par une forme œdémateuse d’une taille comprise entre 5 et 15 cm (35 %) ; et la catégorie III, qui cause des lésions de plus de 15 cm de diamètre, y compris des formes diffuses ou mixtes, notamment une ostéomyélite ou une atteinte articulaire (33 %).

Les lésions touchent fréquemment les membres : les membres supérieurs sont atteints dans 35 % des cas, les membres inférieurs dans 55 % des cas et d’autres parties du corps dans 10 % des cas. Lorsqu’un patient présente des lésions des membres inférieurs, les agents de santé doivent faire preuve de prudence lors du diagnostic afin d’éviter toute confusion entre l’ulcère de Buruli et d’autres causes possibles d’ulcération, comme le diabète ou l’insuffisance artérielle ou veineuse.

Diagnostic

Dans la plupart des cas, les professionnels de santé chevronnés des zones d’endémie sont en mesure de poser un diagnostic clinique fiable, mais il est essentiel qu’une formation leur soit dispensée.

Les diagnostics différentiels de l’ulcère de Buruli incluent les ulcères phagédéniques tropicaux, les ulcères chroniques des membres inférieurs dus à une insuffisance artérielle ou veineuse (souvent chez les personnes âgées), les ulcères diabétiques, la leishmaniose cutanée, les ulcères pianiques étendus ou les ulcères dus à Haemophilus ducreyi.

On confond parfois les lésions nodulaires et papuleuses précoces avec des piqûres d’insecte, des furoncles, des lipomes, des ganglions, une tuberculose ganglionnaire, des nodules de l’onchocercose ou des mycoses sous-cutanées profondes.

La cellulite infectieuse peut ressembler à un œdème dû à l’infection à M. ulcerans, mais dans ce cas, le patient a mal et est fébrile.

L’infection à VIH complique la prise en charge de l’ulcère de Buruli, rendant l’évolution clinique de la maladie plus agressive, avec des résultats thérapeutiques médiocres. L’OMS a publié un guide technique destiné à aider les cliniciens à prendre en charge la co-infection.

Quatre méthodes standard de laboratoire peuvent être employées pour confirmer l’ulcère de Buruli : l’amplification en chaîne par polymérase (PCR) IS2404, l’examen direct au microscope, l’examen histopathologique et la mise en culture. Pour se développer, la bactérie a besoin d’une température comprise en 29 °C et 33 °C (contre 37 °C pour Mycobacterium tuberculosis) et d’une faible concentration en oxygène (2,5 %).

En 2019, l’OMS a établi le Réseau de laboratoires pour l’ulcère de Buruli en Afrique (1) afin de renforcer les capacités de confirmation par PCR dans 9 pays d’endémie d’Afrique. Ce réseau, qui compte 13 laboratoires, est soutenu par American Leprosy Missions, Anesvad, la Fondation Raoul Follereau et la Foundation for Innovative Diagnostics et est coordonné par le Centre Pasteur du Cameroun.

En 2021, l’OMS a mené à bien une consultation en ligne sur un projet de document relatif aux profils de produits cibles, l’objectif étant de mettre au point un test rapide pour le diagnostic de l’ulcère de Buruli. Le document a été publié en 2022 et vise à guider les fabricants dans l’élaboration de tests de diagnostic adéquats. Grâce à la disponibilité d’un traitement simple par voie orale contre l’ulcère de Buruli, un test rapide de confirmation précoce du diagnostic est susceptible de favoriser la prise en charge sans délai de la maladie. Actuellement, le délai d’obtention des résultats pour les tests PCR est trop long pour orienter la prise de décisions concernant le traitement.

Traitement

L’approche thérapeutique repose sur l’association d’antibiotiques et de traitements complémentaires. Des orientations sur le traitement, destinées aux agents de santé, sont disponibles dans la publication de l’OMS intitulée Traitement de l’infection à Mycobacterium ulcerans (ulcère de Buruli).

Sur la base d’une étude récente, le traitement actuellement recommandé consiste en une association de rifampicine (10 mg/kg une fois par jour) et de clarithromycine (7,5 mg/kg deux fois par jour).

En Australie, l’association de rifampicine (10 mg/kg une fois par jour) et de moxifloxacine (400 mg une fois par jour) est régulièrement utilisée avec de bons résultats bien que son efficacité n’ait pas été prouvée par un essai randomisé.

La recherche porte en priorité sur les pistes permettant de raccourcir la durée du traitement (8 semaines) et des études sont en cours pour y parvenir (2).

Certaines interventions, comme la prise en charge des plaies et des lymphœdèmes et la chirurgie (principalement le débridement et la greffe cutanée) sont utilisées pour accélérer la guérison et réduire ainsi la durée d’hospitalisation. Dans les cas graves, une physiothérapie est nécessaire pour prévenir les handicaps. Les personnes chez lesquelles la maladie aboutit à un handicap ont besoin d’une réadaptation de longue durée. Ces mêmes interventions s’appliquent à d’autres maladies tropicales négligées, comme la lèpre ou la filariose lymphatique.

Prévention et lutte

Il n’existe pour l’instant aucune mesure de prévention primaire contre l’ulcère de Buruli. Le mode de transmission de la maladie n’est pas connu. La vaccination par le bacille Calmette-Guérin (BCG) semble conférer une protection limitée.

La lutte contre l’ulcère de Buruli a pour objectif de réduire au minimum la souffrance des patients, la survenue des handicaps et l’impact socioéconomique de la maladie. La détection précoce des cas et l’antibiothérapie sont les pierres angulaires de la stratégie mise en œuvre contre la maladie. Dans de nombreux pays, les agents de santé communautaires jouent un rôle essentiel dans la détection des cas.

Les indicateurs de base destinés à mesurer les progrès réalisés dans la lutte contre l’ulcère de Buruli sont les suivants :

  • proportion de cas de catégorie III (stade avancé) au moment du diagnostic ;
  • proportion de cas confirmés en laboratoire ;
  • proportion de cas confirmés ayant réalisé un cycle complet d’antibiothérapie.

Action de l’OMS

L’OMS fournit des orientations techniques, élabore des politiques et coordonne les efforts de lutte et les travaux de recherche. Elle réunit régulièrement tous les principaux acteurs impliqués dans le domaine de l’ulcère de Buruli pour échanger des informations, coordonner les efforts de lutte contre la maladie et les travaux de recherche, et suivre les progrès.

L’OMS appuie les travaux axés sur les trois priorités de recherche suivantes :

  1. comprendre le mode de transmission de la maladie ;
  2. mettre au point des tests de diagnostic rapide ;
  3. identifier les traitements antibiotiques les mieux adaptés.

Pour garantir l’efficacité, la pérennité et la mise à l’échelle des activités, l’OMS recommande d’intégrer l’ulcère de Buruli aux programmes de lutte contre d’autres MTN cutanées, en fonction des maladies présentes dans un pays donné. L’Organisation a mis au point une application relative aux MTN cutanées pour aider les agents de santé présents sur le terrain à diagnostiquer ces maladies, y compris l’ulcère de Buruli.


  1. https://www.africabulabnet.org/index.php/en/
  2. Beta-Lactam Containing Regimen for the Shortening of Buruli Ulcer Disease Therapy - Full Text View - ClinicalTrials.gov