Principaux faits
- L’onchocercose, plus connue sous le nom de « cécité des rivières », est due au ver parasite Onchocerca volvulus.
- Le parasite se propage et est transmis à l’être humain par les piqûres répétées de simulies infectées qui se reproduisent dans les cours d’eau à débit rapide.
- L’onchocercose se manifeste par de très fortes démangeaisons, une atteinte cutanée qui provoque un défigurement, et une déficience visuelle pouvant aller jusqu’à la cécité
- Elle touche surtout les populations rurales d’Afrique subsaharienne et du Yémen, même si des foyers d’endémie plus réduits sont également présents en Amérique latine.
- Le traitement de la population par l’ivermectine (également connu sous le nom d’administration de masse de médicaments (AMM)) est actuellement la principale stratégie mise en œuvre pour éliminer l’onchocercose, la couverture thérapeutique minimale à atteindre étant de 80 %. Le laboratoire Merck fait des dons d’ivermectine sous le nom de marque Mectizan®.
Généralités
L’onchocercose se transmet à l’être humain par la piqûre d’une simulie infectée (du genre Simulium), qui se reproduit dans les cours d’eau à débit rapide. La simulie ingère des microfilaires (vers immatures) lorsqu’elle pique une personne infectée. À l’intérieur de la mouche, les microfilaires évoluent en larves infectieuses qui sont ensuite transmises à un autre être humain lors des piqûres ultérieures. Une fois à l’intérieur de l’hôte humain, les larves deviennent des vers adultes, formant des nodules sous la peau. Tandis que les simulies continuent de s’accoupler et de produire des microfilaires, les populations doivent être traitées pendant au moins 10 à 15 ans pour éliminer la transmission, ce qui correspond à la durée de vie de l’O. volvulus adulte.
Ampleur du problème
Plus de 99 % des personnes infectées vivent en Afrique et au Yémen et 1 % vivent à la frontière entre le Brésil et le Venezuela (République bolivarienne du). En 2023, au moins 249,5 millions de personnes avaient besoin d’un traitement préventif contre l’onchocercose. Selon l’étude sur la charge mondiale de morbidité réalisée en 2017, 14,6 millions de personnes infectées souffraient déjà d’une atteinte dermique et 1,15 million d’une perte de la vision.
L’OMS a vérifié que cinq pays étaient exempts d’onchocercose après avoir appliqué avec succès des activités d’élimination pendant des décennies. Quatre de ces pays se trouvent dans la Région des Amériques (la Colombie (en 2013), l’Équateur (en 2014), le Mexique (en 2015) et le Guatemala (en 2016)) et un se trouve dans la Région africaine (le Niger (en 2025)).
En 2022, le traitement a été interrompu au Sénégal et le pays est désormais sous surveillance. L’Éthiopie, la Guinée équatoriale, le Mali, le Nigéria, l’Ouganda, la République-Unie de Tanzanie, le Soudan, le Togo et le Venezuela (République bolivarienne du) ont arrêté l’AMM dans au moins un foyer.
Au niveau mondial, 1,8 million de personnes vivent dans des zones où il n’est plus nécessaire d’administrer les traitements de masse contre l’onchocercose.
Ceci prouve qu’il est possible de progresser dans la lutte contre les maladies tropicales négligées (MTN) sur l’ensemble du continent africain.
Des informations détaillées concernant les statistiques annuelles pour l’année 2023 figurent dans le Relevé épidémiologique du 11 octobre 2024.
Signes et symptômes cliniques
L’onchocercose est une maladie des yeux et de la peau. Les symptômes sont dus aux microfilaires qui se déplacent dans les tissus sous-cutanés et provoquent de violentes réactions inflammatoires lorsqu’ils meurent. Les personnes infectées ressentent de fortes démangeaisons et présentent des lésions cutanées. Elles présentent aussi parfois des lésions oculaires qui peuvent entraîner une déficience visuelle et une cécité irréversible. Dans la plupart des cas, des nodules apparaissent sous la peau autour des vers adultes. L’exposition précoce à O. volvulus est associée à l’épilepsie chez l’enfant.
Programmes de prévention, de lutte et d’élimination
Les efforts déployés par le Programme de lutte contre l’onchocercose entre 1974 et 2002 ont permis de maîtriser la maladie en Afrique de l’Ouest. Le Programme a principalement eu recours à la pulvérisation d’insecticides contre les larves de simulies (lutte antivectorielle) par hélicoptère et par avion, puis à la distribution d’ivermectine à grande échelle à partir de 1989.
Le Programme africain de lutte contre l’onchocercose (APOC) a été créé en 1995 afin de lutter contre la maladie dans les derniers pays africains d’endémie. Il a été clôturé fin 2015 après le commencement de la transition vers l’élimination de l’onchocercose. La principale stratégie a été la mise en place du traitement par l’ivermectine sous directives communautaires (TIDC) et, le cas échéant, de la lutte antivectorielle au moyen de méthodes sans risque pour l’environnement.
Fort du succès du Programme de lutte contre l’onchocercose et du Programme africain de lutte contre l’onchocercose, le Projet spécial élargi pour l’élimination des maladies tropicales négligées (ESPEN) a été lancé en 2016 par le Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique afin de fournir aux programmes nationaux de lutte contre les MTN un soutien technique et pour la collecte de fonds afin d’éliminer plus vite l’onchocercose dans les pays africains.
Des comités nationaux pour l’élimination de l’onchocercose ont été mis en place dans 25 pays d’Afrique afin d’élaborer et de mettre en œuvre de nouvelles stratégies. Le Réseau mondial pour l’élimination de l’onchocercose (GONE) a été lancé en janvier 2023 par l’OMS, ses États Membres et ses partenaires en vue d’aider les pays à progresser plus vite vers la réalisation des objectifs inscrits dans la feuille de route pour l’élimination de l’onchocercose.
Le Programme pour l’élimination de l’onchocercose dans les Amériques (OEPA) a été lancé en 1992 dans le but d’éliminer la morbidité et d’interrompre la transmission dans six pays des Amériques où la maladie était endémique : le Brésil, la Colombie, l’Équateur, le Guatemala, le Mexique et le Venezuela. L’OEPA est un partenariat composé des six pays d’endémie, de l’Organisation panaméricaine de la Santé (OPS), du secteur privé (MSD), des pays donateurs et d’organisations non gouvernementales de développement (ONGD).
Traitement
L’OMS recommande de traiter l’onchocercose par l’ivermectine au moins une fois par an pendant 10 à 15 ans. Lorsque O. volvulus coexiste avec Loa loa, les stratégies thérapeutiques doivent parfois être adaptées. Loa loa est une autre filaire parasitaire endémique en Angola, au Cameroun, au Congo, au Gabon, en Guinée équatoriale, au Nigéria, en République centrafricaine, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud et au Tchad. Le traitement des personnes présentant des taux élevés de L. loa dans le sang peut parfois entraîner des effets indésirables graves. Dans les pays touchés, il faut suivre les recommandations conjointes du Comité d’experts du Mectizan® et de l’APOC sur la prévention et la prise en charge des éventuels effets indésirables graves.
Priorités de la recherche
Pour parvenir à éliminer l’onchocercose, il faudra établir un programme de recherche ambitieux permettant aux programmes de progresser. À cet égard, il faut :
- optimiser les stratégies destinées à atteindre les populations marginalisées et migrantes ;
- valider des stratégies de cartographie et d’intervention sûre dans les endroits où l’onchocercose et la loase sont toutes deux endémiques ;
- définir plus précisément des seuils à partir desquels commencer et arrêter l’AMM ;
- mettre au point des outils de diagnostic fiables pour faciliter la prise de décisions dans le cadre des programmes ;
- démontrer l’utilité des mesures de lutte antivectorielle pour les programmes ;
- tester de nouveaux schémas thérapeutiques ;
- optimiser la conception des études en utilisant de nouveaux outils géostatistiques ;
- optimiser l’utilisation de l’imagerie satellitaire et des outils géospatiaux pour détecter les gîtes larvaires ;
- réagir correctement aux indices de la présence d’Onchocerca volvulus détectés au cours de la surveillance ;
- élaborer des stratégies pour la période postérieure à la vérification ;
- envisager des possibilités d’intégrer la surveillance.
Action de l’OMS
L’OMS apporte un appui administratif, technique et opérationnel à la recherche dans les trois Régions où l’onchocercose se transmet.
Selon la feuille de route de l’OMS pour les maladies tropicales négligées (MTN) 2021-2030, l’onchocercose est l’une des maladies à éliminer. La feuille de route fixe des cibles ambitieuses à atteindre d’ici à 2030 : éliminer la nécessité d’une administration de masse d’ivermectine dans au moins 1 foyer dans 34 pays, pour plus de 50 % de la population dans au moins 16 pays et pour l’ensemble de la population vivant en zone d’endémie dans au moins 12 pays.
Le sous-groupe consultatif technique sur l’onchocercose, créé par l’OMS en 2017, fournit des orientations pour les travaux de recherche opérationnelle visant à recenser les zones d’endémie où l’AMM est nécessaire et assure une supervision à cet égard. Le Groupe consultatif technique pour le diagnostic des MTN considère que la mise au point de nouveaux outils de diagnostic de l’onchocercose est une priorité.
Avec le passage de la lutte à l’élimination, il faut cartographier de grandes zones d’Afrique pour déterminer si la transmission est active et si un traitement est nécessaire. Une stratégie d’échantillonnage pour cartographier l’élimination de l’onchocercose a été mise au point afin d’aider les pays à mener ces évaluations et à débuter un traitement si nécessaire.